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Docteur Jean-Georges Rozoy


Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

1974

Dr J.G. ROZOY et Ch. SACCHI

CHRONOLOGIE DE L'EPIPALÉOLITHIQUE DE LA MEUSE À LA MÉDITERRANÉE



Résumé

Dans la région étudiée l'Epipaléolithique dérive sur place du Paléolithique supérieur local partout où la séquence connue est suffisamment continue. La transition est progressive, se caractérise par la microlithisation partielle de l'industrie et l'existence d'armatures microlithiques spécialisées en nombre important (15 % et plus) et s'accomplit, en des temps variables selon les régions, de la fin du Dryas II au milieu du Préboréal. Ses modalités sont propres à chacune des cultures régionales ; celles-ci sont plus diversifiées que le Magdalénien dont elles dérivent et la diversification se poursuit continuellement, Des facteurs interculturels existent toutefois dont certains, diffusant très rapidement, peuvent servir d'indicateurs chronologiques (trapèzes typiques à partir de 5 900 A.C.), d'autres pénètrent plus tardivement dans certaines régions, ou même n'y sont pas connus actuellement. La subdivision en stades très ancien, ancien, moyen et récent est basée en partie sur ces facteurs (y compris les styles de débitage). Le Néolithique est épigénétique sur la côte méditerranéenne, vers 5 700 A.C. (Cardial), mais ceci demeure très localisé et dans le reste du pays la néolithisation se fera par intrusion de populations nouvelles autour de 4 000 A.C. Aucun des changements marqués d'industries ne paraît suivre ou accompagner un changement climatique et par contre des industries similaires et apparentées qui sont synchrones s'accommodent de climats différents en fonction des latitudes, ainsi que d'habitats différents. La croissance de la forêt et la multiplication des groupes humains particularistes n'entravent aucunement mais au contraire paraissent favoriser la diffusion des inventions ou des modes techniques. Celles-ci donnent à chaque stade une unité (dans la diversité) supérieure à chaque moment aux ressemblances de stade à stade. Le déterminisme des changements apparaît donc beaucoup plus culturel que climatique ou biologique.

Summary

In the region we study, Epipalaeolithic is the sequel of Upper Paleolithic, everywhere the existing sequence is long enough. There is a steady transition, characterized by a partial microlithization of assemblages and the existence of a rather important number of specialized microlithic « armatures » (15 % and more). It takes place at different times, according to the various regions, from the end of Dryas II to the middle of Preboreal. Its characters specifically belong to each culture; those regional cultures are more varied than Magdalenian, from which they are sprung, and their diversification goes on continuously. However, there exist some intercultural traits, some of which, spreading very fast, may be used as chronological hand marks (typical trapezes from 5 900 B. C. onwards) ; others get into some regions later, or even have not been known there up to now. A subdivision into very old, old, middle and late stages is partly based upon those traits (including the different styles of debitage). Neolithic is epigenetic along the Mediterranean coast around 5 700 B. C. (Cardial), but that is a very local phenomenon, and the rest of this country will become Neolithic through the arrival of new people around 4 000 B. C. None of the noted changes in artifacts seems to follow or accompany a climatic change, and, on the other hand, some similar contemporary industries put up with different climates according to their latitude, as well as with different settlement types. The growth of the forest and the increase in the number of particularistic human groups in no way hinder, but on the contrary seem to promote the spreading of inventions or technical fashions which give each stage a unity (despite its diversity) which is at any moment greater than the resemblances between the different stages. The determinism which inspires those changes therefore seems to be much more cultural than climatic or ecological.

Zusammenfassung

In der Gesuchte Gegend, stammt das Epipaläolithikum direkt, an derselben Stelle, von der örtlichen Jungpaläolithikum ab, überall wo die bekannte Sequenz genug bekannt ist. Der Übergang ist progressiv und macht sich kenntlich durch die partielle mikrolithisation der Industrie und durch die wichtige Zahl der Spezialisierte mikrolithische Waffenwerke (15 % und manchmal noch mehr) und erfüllt sich, nach den Gegenden, über verschiedene Zeiten, die sich vom dem Schluss des Zweiten Dryas bis zu der Mitte des Preboreales entfalten mögen. Die Modalitäten dieses Obergangs sind jeder Bezirkskultur eigen; diejenigen sind mehr verschieden als das Magdalenien wovon sie abstammen, und die Veränderung wird beständig fortgesetzt. Jedoch Interkulturelle gehörige Faktoren, dessen einige sich sehr schnell verbreiten, bestechen, welche als chronologische Anzeiger dienen können (zum Beispiel die typische Trapezen von 5900 A.C. ab), andere dringen später in einige Gegenden ein, oder sind dort heut zu Tage sogar noch ganz unbekannt. Die Unterabteilung in uralte, alte, mittel und neue Stadium ist teilweise auf diese Faktoren gegründet (die Ausschneidekunst miteinbegriffen). Das Neolithikum ist um 5700 A.C. epigenetik auf der mittelandischer Küste (Cardial) aber jenes ist sehr lokaliziert und in dem übrigen des Landes wird die Neolithisazion besonders durch das Eindringen neuer Bevölkerungen, gegen 4000 AC, zur Erfüllen gehen. Keine merkwürdige lndustrieveränderung scheint einer Änderung des Klimats zu folgen oder Sie zu begleiten, im Gegenteil gleichartige und verwandte synchron Industrien schicken sich in ganz verschiedene Klimate, den Breiten und den verschiedenen Bewohnungsorte gemäß. Die Vermehrung der Walder und der partikularistischen Menschengruppen erschweren die Ausbreitung der Erfindungen und der Technischen Gebrauche gar nicht. Im Gegenteil, sie befördern sie. Sie geben jenem Stadium eine Einheit (in der Mannigfaltigkeit) die, jedesmal den Ähnlichkeiten vorzüglich ist, von Stadium zu Stadium. Der Determinismus der Veränderungen scheint folglich viel mehr kulturell als klimatisch oder biologisch zu sein.



Le propos de l'auteur n'est pas ici de prétendre à un exposé complet de l'Epipaléolithique dans cette vaste région mais seulement de présenter au lecteur quelques séquences chronologiques plus ou moins complètes dont certains éléments sont bien datés, la position des autres étant plus aléatoire. Ces séquences sont fondées sur des fouilles récentes ou modernes fiables dont l'auteur a pu étudier personnellement les séries, généralement avec tri du matériel brut par lui-même. Seront exposées successivement les filiations dans :

  • 1° Le Limbourg (autour d'Eindhoven et en Belgique Nord avec adjonction de Remouchamps).
  • 2° L'Ardenne.
  • 3° Le Bassin Parisien (tout au moins sa partie centrale et du Nord-Est).
  • 4° La région : Bretagne du Sud et Vendée (pays de Retz).
  • 5° Le Périgord.
  • 6° La Provence.

Entre ces zones subsistent de vastes régions où les études de l'auteur sont actuellement moins avancées et où les points d'appui chronologiques manquent presque complètement. Plus que d'un cadre il s'agit donc de points d'ancrage et le travail à accomplir reste considérable pour achever de combler le célèbre hiatus (Breuil 1921, Cartailhac 1872, 1929) qui n'était que « dans nos connaissances » (Mortillet 1874).

Le lecteur se reportera en outre pour l'Est de la France aux études de A. Thévenin dans ce même volume.

Pour des raisons évidentes d'économie et malgré le grand regret qu'en a l'auteur il n'était pas possible de présenter les dessins des outils de chaque stade pour chaque région, d'autant moins que l'auteur se refuse au système fossile du « fossile directeur » et tient à présenter des ensembles équilibrés, seuls valables. Aussi a-t-on choisi de montrer ces tableaux pour une seule région, celle du Limbourg. Comme la dernière planche ne peut être actuellement rendue publique (gisements inédits) elle a été remplacée par celle correspondante du Tardenoisien, l'Allée Tortue, qui lui est très semblable (fusion du Limbourgien et du Tardenoisien-Nord). Le lecteur se reportera à d'autres sources pour l'illustration (Rozoy 1971 b et c, 1972, 1973, 1975). Pour des motifs analogues de concision l'exposé reste limité à des considérations typologiques en qualités et quantités. Il ne faudrait pas croire à un manque d'intérêt de l'auteur pour les questions ethnographiques. Simplement l'identification sûre des cultures, c'est-à-dire des groupes humains, lui paraît un préalable indispensable à toute étude sur le mode de vie ; si nous voulions expliquer un groupe humain d'une certaine époque par ce qui se faisait dans un autre groupe d'une autre époque nous nous exposerions à des déconvenues, les conclusions pourraient être valables ou ne pas l'être ; les phénomènes interculturels sont plus délicats à manier que les données internes de chaque culture. Le présent exposé entend donc avant tout devenir un instrument de travail pour des études plus vivantes dont l'auteur, le tout premier, ressent l'impérieuse nécessité.

METHODES DE DATATION

Les gisements ou couches sont datés par plusieurs procédés physiques ou biologiques, en particulier le radiocarbone et les pollens. Sédimentologie et études de faune jouent ici un rôle annexe, il serait plus important par exemple pour les séquences de Birsmatten et du Midi méditerranéen (Montclus, Abri Cornille).

Il est bon de rappeler que la mesure du radiocarbone, outre les causes d'erreur purement archéologiques (foyers antérieurs ou intrusifs, percolation des charbons dans les sables : Parent 1971, 1973) présente une marge purement statistique qui ne donne une probabilité à 95 % qu'à condition de compter 2 fois l'écart-type (Delibrias 1970, 1972, Waterbolk 1971). Encore y a-t-il dans ce cas environ une datation sur 20 qui reste en dehors de l'écart double. Le tableau ci-joint comportant 33 datations il est donc probable qu'il y en a au moins une dans ce cas, pour une raison purement statistique (irrégularité de la désintégration du C-14) sans compter les foyers intrusifs (ce qui est probablement arrivé à Maarheeze).

L'emploi des chronologies polliniques pose un autre problème. Outre les avatars liés à la percolation dans sables (Rozoy 1967 c, 1968 a, Hinout 1967, Sauvage 1968 a et b) nous sommes amenés à distinguer deux sortes de périodes polliniques : d'une part l'épisode dit d'Alleröd et le Dryas III, tous deux encadrés par des périodes contraires (réchauffement entre deux périodes froides et refroidissement entre deux périodes chaudes), d'autre part les divers « stades » du réchauffement postglaciaire progressif : Préboréal, Boréal, Atlantique.

Dans le premier cas l'accord semble général pour définir l'épisode plus tempéré d'Alleröd, par exemple, par ce réchauffement lui-même, indépendamment de son contenu végétal qui varie selon les régions. « Alleröd » désignera donc du Pin et du Bouleau (etc.) en Belgique, la chênaie mixte (etc.) dans le Midi (Arl. Leroi-Gourhan 1971) et une toundra-parc dans le Nord du Jutland (Petersen 1973). Mais ce sera partout la même époque, survenant au même moment, et généralement placée entre 9 800 et 9 000 A.C. De même pour le Dryas III de 9 000 à 8 500 ou 8 200 A.C.

Par contre le Boréal par exemple est la plupart du temps défini comme l'époque d'une certaine association végétale complexe que nous décrirons brièvement et grossièrement comme celle du Noisetier (Corylus avellana). Il est évident que cette association à noisetier dominant est apparue à des temps différents du Sud au Nord. Petersen (1973) précise d'ailleurs un certain nombre de disparités régionales pour le Danemark, le Nord Jutland étant fréquemment dans une autre zone de végétation que le Sud du pays. A plus forte raison entre Marseille et Stockholm ! « Boréal » ne paraît donc pas avoir actuellement le sens d'une période chronologiquement définie comme c'est le cas pour « Alleröd » et « Dryas III » (on parle de Dryas III en Provence et il est douteux qu'on ait pu y trouver le Dryas à huit pétales).

Il serait bon que préhistoriens et palynologistes résolvent cette disparité d'une façon ou d'une autre. L'auteur pense que le mieux serait de fixer chronologiquement les autres époques comme on a fixé en fait le Dryas III et l'épisode d'Alleröd (sans parler du Bölling qui est hors de notre cadre) et à la seule condition que les épisodes climatiques proprement dits (réchauffement, refroidissement, augmentation ou diminution d'humidité, etc..) soient réellement synchrones, ce qui paraît actuellement le plus probable.

Si cette proposition ne devait pas l'emporter, il n'en reste pas moins que nous avons besoin de telles subdivisions chronologiques fixes, internationales, et que si on ne les désigne pas comme Préboréal, Boréal et Atlantique il faudra leur trouver d'autres noms. Nous avons en effet besoin de savoir quelle industrie est employée dans le pays voisin pendant que telle ou telle culture se développe chez nous.

Dans le présent article l'auteur a utilisé la chronologie pollinique communément admise pour le Nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas, avec le Préboréal très long jusqu'à 6 800 A.C. (voir le tableau) et la limite Boréal-Atlantique à 5 500 A.C. (fig. 18)

Enfin parmi les moyens de datation on ne peut maintenant négliger la statistique typologique. Lorsqu'une industrie définie (par exemple le Sauveterrien classique sans trapèzes) a été constamment trouvée dans des couches datées de la même façon (ici de 7 500 à 6 000 A.C.) on est fondé à rapporter à la même période des gisements de la même industrie dans la même région (Bordes 1950 c). C'est là le processus en retour classique en géologie, et dont l'application à la Préhistoire demandait seulement une détermination suffisamment précise et détaillée des industries, en dépassant l'usage du fossile directeur unique. On ne peut obtenir ainsi que des chronologies flottantes dont en outre l'échelle temporelle dépend de la vitesse d'évolution, qui peut être inégale, ce qui expose à des distorsions. Le présent article fait un large usage de cette méthode selon un procédé exposé par l'auteur (Rozoy 1967, 1968 et G.E.E.M.), dérivé de celui du Pr Bordes (1950 a et b, 1954) dont le degré de certitude est élevé pour une région étroite, mais diminue lorsque l'on doit s'appuyer sur des régions plus ou moins voisines et parfois assez distantes et surtout sur des cultures différentes, même si elles sont similaires et semblent apparentées.

LIMBOURGIEN

Le Sud des Pays-Bas comporte autour de Eindhoven une série importante de stations sur sables plus ou moins dunaires, parfois dans le sol d'Usselo, qui ont fait l'objet des fouilles de A. Bohmers (1956, 1960) pour le Biologisch Archaeologisch Instituut de Groningen. L'auteur exprime ici sa reconnaissance au Pr Waterbolk et au Dr R. R. Newell, directeur et ancien chercheur de cet Institut, qui lui ont permis d'étudier ces riches séries et offert à cette fin les plus larges commodités matérielles et de documentation. Sa gratitude va également à J. Destexhe et au Pr De Laet pour le Nord de la Belgique ainsi qu'à M. Mariën.

La succession des industries est indiquée dans la figure 18 (colonne 3). L'auteur a pu, dans un ouvrage en cours de rédaction, faire la preuve de la filiation depuis le Paléolithique supérieur jusqu'au Limbourgien final, sans influence extérieure perceptible sauf tout à la fin où le Limbourgien paraît fusionner avec le Tardenoisien-Nord.

Le Tjongérien est bien daté géologiquement (il est dans le sol d'Usselo), par les pollens et par le radiocarbone à l'épisode tempéré d'Alleröd. C'est un Paléolithique supérieur plus ou moins aziloïde avec grattoirs courts (mais non unguiformes), burins sur troncature, moins abondants qu'au Magdalénien, et pointes à dos courbes (pointes de Tjonger, qui sont des petites et micro-châtelperrons).

Il est suivi immédiatement par l'Ahrensbourgien (fig. 2), constamment trouvé au Dryas III (Bohmers 1960, Bohmers et Wouters 1956, Rust 1943, 1958 a, 1958 b), et il est possible, à condition de se baser sur la totalité de l'industrie, de montrer la filiation locale du Tjongérien local à l'Ahrensbourgien local (Rozoy 1975).

L'Ahrensbourgien voit apparaître les armatures microlithiques, principalement sous forme de pointes à troncature très oblique, accessoirement retouchées en pointes à soie mais, ici, surtout employées sans soie. De cette invention locale fondamentale dérivera toute la microlithique de tout l'Epipaléolithique, par le jeu de diverses combinaisons de troncatures. Les burins sont de moins en moins employés, les lamelles à bord abattu de type paléolithique disparaissent.

A travers un stade de transition à pointes à cran microlithiques (Geldrop III-2) dont la position probable est au Préboréal, l'évolution se poursuit au stade moyen avec des lamelles à bord abattu tronquées qui s'ajoutent aux pointes à troncature (Aardhorst, daté vers 6 700 A.C, avec microburins, fig. 3).

Puis sont inventées les armatures à retouches couvrantes, datées à Oirschot V à 6 080 ± 50 A.C. Cette classe nouvelle d'armatures est latéralisée à droite (troncature exposée à droite, côté rectiligne à gauche) ce qui est un changement radical, la latéralisation gauche ayant dominé jusqu'ici et continuant d'ailleurs à l'emporter pour les autres classes (fig. 4). Le taux d'armatures est alors particulièrement élevé, comme dans le Tardenoisien : ce phénomène se retrouve dans plusieurs régions, mais non dans toutes. La méthode du microburin est abandonnée totalement.

Enfin apparaissant les trapèzes typiques et le style de Montbani peu avant la transition Boréal-Atlantique (Hatert 5 720 ± 110 A.C.) mais sans lames et lamelles à retouches Montbani ni méthode du microburin et avec conservation des armatures anciennes, en particulier des armatures à retouche couvrante (feuille de gui). Les trapèzes typiques se développent largement (Maarheeze, Lommel, Hamal-Nandrin 1913, 1935) toujours avec les armatures héritées du stade moyen. Les trapèzes sont latéralisés à droite à 100 % ce qui laisse penser que les auteurs des armatures à retouche couvrante en sont bien les inventeurs (fig. 5). Ils seront imités très rapidement dans toute l'Europe mais la latéralisation sera souvent celle traditionnelle des autres régions.

Tardivement existe un faciès où les trapèzes sont seuls employés, avec lames et lamelles à retouches Montbani bien typiques et emploi de la méthode du microburin. Ce faciès connu actuellement dans deux sites seulement, tous deux inédits, ne peut être pour l'instant daté que par comparaison et de façon hypothétique peu avant 4 000 A.C. Il représente une fusion avec le Tardenoisien final auquel il est semblable (fig. 6). Le Néolithique (Omalien, c.-à-d. Rubané récent) est intrusif, la convergence de ses armatures avec une variante de celles des Limbourgiens paraît avoir été acquise dans une autre région au contact de leurs cousins. La figure 7 montre la sériation typologique quantitative, celle-ci coïncide parfaitement avec l'ordre obtenu par les procédés classiques.

Cette remarquable séquence se caractérise par un foisonnement extraordinaire d'inventions successives, les types nouveaux d'armatures étant toujours employés concurremment avec les anciens pendant quelque temps avant la disparition de ceux-ci (fig. 8). Deux inventions particulièrement importantes, appelées à se généraliser dans toute l'Europe, paraissent avoir été faites dans cette région, la pointe à troncature „ très oblique au Dryas III et les trapèzes typiques vers 5 900 A.C.

L'auteur propose d'individualiser cette culture sous le nom de LIMBOURGIEN, la limite avec l'Ahrensbourgien demeurant à préciser au début du Préboréal.

ARDENNIEN

Pour l'étude de l'Ardennien l'auteur doit presque tout à ses amis belges, professionnels et amateurs, qui tous lui ont apporté l'aide la plus large : Mlle Danthine, Mme Buntgens, MM. Dewez, Delville, Hubert, Leclercq, Pirnay et Straet. Qu'ils soient ici cordialement remerciés de leur attitude fraternelle.

Les gisements dits « tardenoisiens » de l'Ardenne ont été décrits — fort bien pour l'époque — dès le début de ce siècle (Rahir 1903, 1907, 1920, 1928, Lequeux 1923), avec une subdivision en stades ancien (notre actuel Ahrensbourgien, stade très ancien), moyen et récent, ce dernier n'étant reconnu que dans les plaines sableuses plus au Nord et correspondant au stade récent du Limbourgien. L'introduction des notions statistiques appliquées à des sites nouveaux où l'auteur a pu trier la totalité des objets confirme dans un ouvrage en cours de terminaison (Rozoy 1975) ce que les auteurs belges avaient observé : l'outillage commun est beaucoup plus abondant dans tous les gisements, le taux d'armatures varie de 12 à 22 %, contre 50 à 70 % dans le Tardenoisien proprement dit et 40 à 60 % dans le Limbourgien (fig. 9).

Les sites anciens qui ne sont plus bien étudiables (collections mutilées ou dispersées) ont fourni un nombre très élevé de nucléus, bien supérieur à celui des armatures, ce qui rejoint le tableau obtenu pour les fouilles modernes (fig. 10). Les fouilles et recherches modernes (Destexhe 1947, Dricot 1969, 1971, Nelissen 1961, Reginster 1974, Gob 1975), auxquelles l'auteur n'a pas eu accès encore, confirment ce point de vue (Rozoy 1975). La « manie des armatures » a sévi parmi les Tardenoisiens pendant 2 000 à 3 000 ans, elle a épargné les Ardenniens, ce qui justifie leur isolement comme groupe humain autonome et stable. Les armatures paraissent avoir été, dans l'Ardennien, fabriquées et utilisées une à une, ce qui s'oppose aux séries de pièces semblables fréquemment rencontrées dans le Tardenoisien ou le Limbourgien. Mais ce sont les mêmes armatures que dans le Tardenoisien (et non celles du Limbourgien), appartenant à des classes diverses et dans des rapports numériques analogues. Dans l'état actuel des choses la chronologie ne peut être que flottante, sur une base provisoirement typologique (gisements superficiels ne prêtant pas à analyses).

Le stade très ancien est représenté, au moins dans la partie Nord de l'Ardenne, par la variante locale de l'Ahrensbourgien, connue à la grotte de Remouchamps et en plusieurs sites voisins (de grottes et de plein air) (Devrez 1974). On notera que la composition d'industrie est la même en grotte dans l'Ardenne calcaire et en plein air sur sables dans le Nord Brabant (Rozoy 1975), c'est-à-dire que le milieu n'influe pas et aussi que deux régions qui vont se diversifier connaissent le même point de départ (fig. 11) avec plus de pointes à troncature que de pointes à soie.

Le stade ancien est bien représenté par les gisements des Mazures à Pépinster (Pirnay et Straet 1975, Rozoy 1975), site de point de vue sur un éperon calcaire, et de Busch Brand (Leclercq 1968, 1974), sur sable, qui paraissent dériver de Remouchamps : l'outillage du fonds commun est le même, avec un peu plus d'éclats retouchés, seules les armatures ont changé : les pointes à soie ont disparu, les pointes à troncature, présentes, sont dépassées en nombre par les triangles, isocèles et scalènes, il y a des pointes à base transversale mais encore atypiques (fig. 11). Pas de segments. Flônnes 2 à Hergenrath, également sur sable, serait un peu moins ancien (moins d'isocèles, présence d'un segment).

Le stade moyen est représenté tout d'abord par les gisements classiques : La Roche aux Faucons, Sougné, Wegnez, etc., qui ne sont plus diables statistiquement. Ils contiennent peu d’isocèles et quelques segments. Leur valeur ethnographique est importante avec l'emploi abondant de plaquettes de grès psammite, les diamètres d'habitat, etc.. Il existe quelques fouilles récentes, en particulier celle de l'auteur à Marlemont, dans le Bassin parisien, sur sables, sans triangles isocèles et sans segments, les pointes du Tardenois sont belles mais forment un sous-type local (Rozoy 1975). Le stade récent pose un problème car la région paraît n'avoir jamais adopté les trapèzes typiques et abondants ni les lames et lamelles Montbani (bien que des pièces isolées aient été trouvées en surface dans la vallée de la Semois). Les gisements avec feuilles de gui et pointes à retouches couvrantes (Flönnes 1, sur sables, Oizy, sur schiste, Rozoy 1975) pourraient donc représenter le stade récent : de nouvelles recherches seraient utiles. Les outils communs sont toujours aussi abondants : éclats retouchés surtout, lames retouchées, lamelles tronquées et retouchées, quelques grattoirs à Oizy (influence limbourgienne tardive ?). La néolithisation a pu avoir lieu sur fonds local au moins par endroits (Flöne, Destexhe 1947, Rozoy 1975) mais cette assertion demeure soumise à nouvel examen.

BASSIN PARISIEN — LE TARDENOISIEN

Pour ce chapitre l'auteur est grandement redevable à ses amis F. Champagne, R. Daniel, R. Espitalié et R. Parent, qu'il remercie ici de tout cœur ainsi que MM. Quatrehomme et Péron.

Entre le Magdalénien (Pincevent, Leroi-Gourhan 1966, 1972, Etiolles, Taborin 1974, Pigeot et Danguilhanes 1974) et le Tardenoisien ancien subsiste actuellement un hiatus que ne suffit pas à combler le gisement des Blanchères lequel d'ailleurs n'est pas datable : ni charbons, ni pollens, sable superficiel (fouilles F. Champagne : Schmider 1971, Rozoy 1975). Ce site caractérisé par de nombreuses pointes à retouche unilatérale longues et très minces (25%), presque sans autres armatures, se place probablement au Dryas III d'après la typologie, par comparaison avec La Borie del Rey (Coulonges 1963), la Tourasse (Orliac 1973), Rochedan (Thévenin 1972)

Le Tardenoisien au sens strict, trouvé dans gisements superficiels sur sables, parfois couverts par des dunes, a fourni peu de datations (Parent 1966, 1969, 1971, 1972, 1973) dont certaines aberrantes (Hinout 1964, 1971, Parent 1973). Toutes concernent le Tardenoisien moyen, avant l'apparition des trapèzes. Les stades ancien et moyen sont caractérisés par l'emploi abondant (50 à 65 %) d'armatures de plusieurs classes (pointes à troncature oblique, segments de cercle, lamelles à bord abattu, scalènes, pointes à base transversale) avec beaucoup d'outils sur lamelles (retouchées, tronquées, à coche unique, celles-ci toujours brisées) et très peu de grattoirs, surtout au Sud de la Seine. Par un travail de sériation typologique quantitatif (Rozoy 1975) il est possible de constituer une chronologie flottante (fig. 12). Les premiers termes de celle-ci (Roc La Tour II, Chaville 3, Chaintréauville), par comparaisons typologiques assez lointaines (Limbourg, Birsmatten, Rochedane, Sauveterrien), peuvent raisonnablement être situés dans la seconde moitié du Préboréal (7 500 ou 7 200 A.C.) puisqu'ils comportent des triangles isocèles presque aussi nombreux que les scalènes, et que divers autres indices concordent pour les rapprocher de Rouffignac 5 et Birsmatten 5.

Les gisements datés (Sablonnière II, Montbani II), qui sont au milieu du Boréal, précèdent immédiatement le passage aux trapèzes et aux lames à coches multiples : ceux-ci commenceraient donc, comme dans les régions où ils sont datés, avant le début de l’Atlantique, vers 5 900-5 800 A.C. Dès ce passage aux trapèzes (stade récent) le Tardenoisien se subdivise en deux sous-régions (au Nord et au Sud de la Seine). La partie Nord où les trapèzes sont latéralisés à droite à 80 % et qui refuse d'employer les retouches inverses plates sous ceux-ci fusionnera avec le Limbourgien final, qui l'influence dès avant l'Atlantique, tandis que la partie Sud avec trapèzes* à gauche à 100 % et retouches inverses plates demeure autonome avec ses caractéristiques propres. Un cas isolé de néolithisation sur place paraît certain à Sébouville (au Sud) ; mais dans l'ensemble le Néolithique régional est intrusif comme en Belgique et ne comporte par de traces ni traditions épipaléolithiques. (Les facies décrits comme tels correspondent pour la région tardenoisienne à des mélanges ramassés en surface sur des superficies trop vastes 1 à 3 hectares).

BRETAGNE-VENDEE

Pour ce chapitre l'auteur est particulièrement redevable à Mme Bailloud et à MM. Bauer, Giot, Gouletquer, Jaouen, Joussaume, Largouet, Mauer, Quatrehomme et à son confrère le Dr Tessier. Que tous soient ici bien sincèrement remerciés.

Dans cette région rien n'est actuellement connu entre le Magdalénien (Bégrolles, Jaouen, 1956) et le stade ancien de l'Epipaléolithique. Celui-ci est représenté par le gisement de Kerjouanno (Largouet 1967, Rozoy 1971) dont la date ne peut être que supposée sur une base typologique à raison de divers rapports quantitatifs entre les armatures et notamment de l'abondance des triangles isocèles ; encore la persistance de ceux-ci aux stades moyen et récent laisse-t-elle planer le doute sur cette attribution, qu'il faudrait asseoir par une sériation sur une vingtaine de sites. La méthode du microburin y est employée abondamment et le tableau est assez proche du Tardenoisien ancien avec en particulier beaucoup de lamelles retouchées et tronquées (6° classe, fig. 13) mais les pointes à troncature sont moins abondantes et le taux d'armatures est plus bas (37 %). Il y a quelques trapèzes atypiques de style particulier avec deux troncatures concaves, particularité régionale qui se maintiendra en évoluant.

Le taux d'armatures ne fera que diminuer dans la région où l'on trouve couramment 18 à 25 % (contre 60 % et plus dans le Tardenoisien moyen), ainsi à Malvant, St-Gildas, etc.. (fig. 13). L'emploi de la méthode du microburin diminue constamment. La séparation d'avec le Tardenoisien est de plus en plus marquée ; il n'y a pratiquement pas de pointes du Tardenois.

Lors de l'évolution il y a bipartition : au Nord de l'embouchure de la Loire et en Bretagne sont utilisés de nombreux trapèzes typiques dans le Téviécien (Péquart 1928, 1929, 1934, 1937, 1954), daté à 4 625 ± 350 à Hoédic (Rollando 1965). Un stade antérieur est connu à Kerhillio (Rozoy 1975) dont la datation, dans les conditions superficielles de trouvaille, ne peut être que typologique (fig. 14). Les lames et lamelles Montbani sont pratiquement absentes (3 à 5 %) et le style de débitage est celui de Montclus.

Un stade postérieur est connu à La Torche (Giot 1963) daté à 4 000 A.C. et où apparaissent tardivement le style de Montbani et les lames et lamelles à retouches Montbani et à coches multiples. Dès Kerhillio le microburin a pratiquement disparu. Le taux d'armatures atteint 64 % à Hoédic, toutefois il s'agit d'un tri ancien. Il ne dépasse pas 25 % à Kerhillio où l'auteur a pu trier lui-même (le graphique de la figure 14 est établi sur le tri ancien pour permettre la comparaison à Hoédic). Le faciès téviécien est connu dans le Sud du Finistère (Ty Lann, Ty Nancien, Giot 1966, 1967) et dans cette zone existe aussi à Plovan-Kervouyen un faciès hypermicrolithique (Gouletquer 1973), probablement du stade ancien ou moyen, dont la position temporelle ne peut actuellement être proposée sérieusement non plus que le lien ou l'absence de lien génétique avec le Téviécien.

Par contre au Sud de l'embouchure de la Loire, dans le pays de Retz (recherches M. Tessier), aucun gisement à trapèzes abondants n'est connu et le stade récent est représenté par des ensembles où prédominent les armatures à éperon (Joussaume, Rozoy et Tessier 1971) avec un taux d'armatures très bas : 18 à 25 %. La composition globale comprend beaucoup d'éclats retouchés et de lames tronquées ainsi que des choppers et chopping-tools (n° 25, fig. 13) avec peu d'outils de la 6e classe et apparition des lames et lamelles Montbani (25 % au Porteau, soit plus que le taux d'armatures qui reste bas comme par le passé dans la région). La datation, dans les conditions actuelles de nos connaissances (gisements à fleur de sol) ne peut être que typologique et approchée : stade récent, sans autre précision. Une sériation qualitative' est tentée par l'auteur dans un ouvrage en cours de rédaction (Rozoy 1975) mais elle paraît assez incertaine encore.

A raison de cette bipartition qui paraît limitée au stade récent il semble que le terme de TEVIECIEN proposé par l'auteur (fig. 18) devrait être limité aux industries à trapèzes typiques et abondants situées au Nord-Ouest de la Loire. Les industries du pays de Retz au stade récent restent encore à dénommer, faute de station éponyme close on peut proposer : RETZIEN. Les stades ancien et moyen, plus largement étendus de part et d'autre de la Loire, devront lorsqu'on les connaîtra mieux recevoir un nom qui, lui aussi, devra se fonder sur un gisement clos restant à découvrir.

PERIGORD

L'auteur exprime ici sa reconnaissance à L. Coulonges et à ses amis Cl. Barrière, F. Champagne et R. Espitalié qui lui ont permis l'étude de leurs séries avant même la publication ainsi qu'à M. Orliac.

Bien que déjà très modifié à partir de son ancêtre Magdalénien, l'Azilien du Périgord (Champagne et Espitalié 1970) est généralement considéré comme paléolithique. Le passage à l'Epipaléolithique se fait en Périgord au cours du Dryas III et du Préboréal par des industries à pointes à dos encore mal connues (Coulonges 1963, voir aussi Orliac 1972 pour la zone pyrénéenne) et aboutit au Sauveterrien.

Celui-ci, créé par L. Coulonges (1928, 1931, 1935, 1954) peut être étudié au mieux à Rouffignac (Barrière 1965 abc, 1973, 1974). Son stade ancien est daté au Préboréal (Champagne et Espitalié 1972, Barrière 1965). Le style de débitage est particulièrement rude (style de Rouffignac, Rozoy 1968). Il y a beaucoup d'éclats retouchés et d'outils sur lames grossières ; les couteaux de Rouffignac pourraient être une particularité locale ; Il y a moins de lamelles tronquées que dans le Tardenoisien et pas de lamelles à retouches partielles régulières, le taux d'armatures est beaucoup plus bas avec prédominance très forte des triangles (isocèles, puis scalènes) (fig. 15) la méthode du microburin est utilisée assez largement au début, mais de moins en moins au cours de l'évolution.

Les lames et lamelles Montbani apparaissent ici avant les trapèzes, sur supports du style de Rouffignac, et attestent la continuité de la séquence avec le Sauveterrien récent à trapèzes ; ceux-ci sont d'abord symétriques (et coexistant avec les armatures du stade moyen), puis asymétriques (trapèzes du Martinet, GEEM 1969) et alors apparaissent le style de Montclus, puis, tardivement, celui de Montbani.

Cette industrie ne doit plus être appelée Tardenoisien puisque ses outils sont différents tant qualitativement que quantitativement, et aussi le style (fig. 16 comparée à fig. 5 et 6). Ce Sauveterrien récent est daté à 5 850 ± 50 A.C. pour l'apparition des trapèzes (Barrière 1973) et son évolution semble avoir continué assez longtemps avant la néolithisation, dont les modalités sont encore mal connues (Lacam et coll. 1944) mais comportent des flèches de Montclus (Barrière 1974). Il n'est pas possible actuellement de dire si le Néolithique de cette région est transgressif ou s'il dérive du Sauveterrien récent à trapèzes, ou plutôt à flèches de Montclus car les trapèzes ont pratiquement disparu dans les couches supérieures (Niederlander et Lacam 1933, p. 428).

PROVENCE ET MONTCLUS

Dans la région de Marseille les travaux de M. Escalon de Fonton (1953 à 1975) et de son équipe ont distingué une séquence originale complète du Paléolithique supérieur au Néolithique, avec évolution sur place sans grande influence extérieure (1).

Le VALORGUIEN ("Romanellien provençal") daté à l'épisode d'Alleröd est un équivalent régional de l'Azilien avec grattoirs courts très nombreux (35 %) (ronds mais non circulaires), et passage des lamelles à bord abattu aux pointes fusiformes (Escalon 1972 a, GEEM 1972). Dès le milieu de l'Alleröd la transformation est effective avec constitution d'une classe d'armatures pointues entièrement microlithiques et abondantes (fig. 17).

Le Valorguien se transforme ensuite en MONTADIEN par abandon total des grattoirs, remplacés par des éclats retouchés, et des pointes fusiformes, remplacées par des segments hyperpygmées dont le taux varie de 0 à 40 % Ide l'outillage. Le site éponyme n'en avait pas (cas fréquent). Le Montadien est daté depuis le Dryas III (Gornille 6) jusqu'à la fin du Préboréal (Le Mourre Poussiou à Fos 7 030 ± 200 A.C.) et dans les couches 4 et 2 de Cornille il semble occuper aussi le début du Boréal, avec des armatures moins minuscules (Escalon, 1968).

Le Montadien se transforme ensuite en CASTELNOVIEN par adoption (ou invention ?) des trapèzes typiques et du style de Montclus avec abondance de lames et lamelles Montbani. Les datations sont indirectes par les couches d'encadrement et le présent auteur (1975) voit l'origine du Castelnovien vers 5 900 A.C. comme pour les cultures à trapèzes typiques dans les autres régions. Pour M. Escalon (communications personnelles dont l'auteur remercie M. Escalon) le Castelnovien se placerait de 7 000 à 6 000 A.C.

Au cours de son évolution le Castelnovien de Montclus renouvelle par deux fois la panoplie de ses armatures, passant du trapèze de Montclus au triangle de Châteauneuf puis à la flèche de Montclus. A Châteauneuf l'évolution est interrompue par la néolithisation précoce et les contacts paraissent alors coupés avec Montclus, qui existaient auparavant.

Les Castelnoviens de Châteauneuf ont chassé beaucoup de lapins et un peu de moutons mais il semble excessif de dire (Renault-Miskowski 1974) qu'ils les ont domestiqués car les indices lapins/moutons et moutons jeunes/moutons vieux sont encore en faveur de la chasse dans les couches castelnoviennes (Ducos 1958) ; on ne passe à une domestication rudimentaire que dans les couches supérieures du même abri qui appartiennent au Néolithique cardial et sont datées à 5 570 ± 240 A.C.

Le passage du Castelnovien au Néolithique CARDIAL apparaît tant à Châteauneuf (vers 5 700 A.C.) qu'à Montclus (vers 4 500 A.C.) comme une transformation sur place, la plupart des outils anciens (mais non pas ceux de 1 000 ans avant) sont employés encore dans les premières couches néolithiques, c'est donc la même population qui continue avec ses traditions.

CORRELATIONS INTERREGIONALES

Dans trois des régions étudiées existent des preuves d'évolution continue et sans influence extérieure perceptible du Paléolithique jusqu'au début du 4' millénaire. Dans les trois autres il manque des jalons en particulier pour le Dryas III et le début du Préboréal. Le Néolithique est intrusif dans le Limbourg et le Bassin parisien et probablement en Bretagne, la situation demande nouvel examen en Périgord et il est épigénétique en Provence et à Montclus.

D'autres séquences évolutives complètes sont connues dans l'Est de la France (Thévenin 1973, 1975) où le Néolithique est intrusif.

Dans toutes les régions étudiées par l'auteur existent des bifurcations d'industries (fig. 18) c'est-à-dire que de nouveaux faciès se différencient à partir et à côté des anciens. Il y a donc diversification locale de plus en plus poussée.

La transition du Paléolithique à l'Epipaléolithique s'effectue progressivement au cours de l'épisode d'Alleröd et du Préboréal. Sa place exacte dépend pour beaucoup de la définition (plus ou moins arbitraire) donnée à la limite en question. En France et plus au Nord cette limite peut être assimilée à l'apparition d'armatures microlithiques nombreuses (15 % et plus) liées à une microlithisation nette d'une partie au moins de l'outillage du fonds commun. Cette définition (qui ne serait pas utilisable pour une grande partie de l'Italie, par exemple tout au moins en l'état actuel de nos connaissances, Taschini 1968) place la limite au début du Dryas III dans le Limbourg et au cours du Dryas III en Périgord, mais pendant l'Alleröd dans la région de Marseille.

Les armatures dites géométriques (triangles, etc..) apparaissent dès le Dryas III en Limbourg et sur la côte méditerranéenne (sous des formes très différentes et sans relations), au Préboréal en Périgord et aussi, semble-t-il, dans le Bassin parisien.

Il est possible de distinguer dans toutes les régions des stades très ancien, ancien, moyen et récent plus ou moins parallèles. La rigueur (ou non rigueur) du parallélisme chronologique devra faire l'objet des recherches à venir pour les prochaines années.

Le stade très ancien est très différent selon les régions : les armatures sont des pointes à dos en Périgord et dans le Bassin parisien (et aussi à la frontière suisse, voir l'article de A. Thévenin). Ce sont des pointes à soie et à troncature et quelques triangles (et trapèzes atypiques) dans le Limbourg. Les outils du fonds commun sont différents également, sans qu'il soit possible ici d'entrer dans le détail. Ce stade très ancien est daté à l'Alleröd en Provence (Valorguien), au Dryas III dans le Limbourg et le Périgord, avec semble-t-il dépassement sur le début du Préboréal.

Le stade ancien est caractérisé presque partout par la présence de triangles isocèles aussi nombreux, sinon plus, que les triangles scalènes, mais en proportions très variables selon les régions et associés à des armatures microlithiques variables. Les taux d'armatures varient de 20 % (Ardennien) à 50 % (Tardenoisien) et les outils communs sont variables également selon les régions. Ce stade ancien est daté à la 2° moitié du Préboréal en Périgord (et dans le Birstal).

Le stade moyen est caractérisé surtout par l'apogée des armatures microlithiques, dont le taux peut atteindre 65% (Tardenoisien) et augmente même dans les régions où il reste relativement bas. Les triangles isocèles sont maintenant beaucoup moins nombreux que les scalènes, et selon les régions ceux-ci dominent fortement (Sauveterrien) ou sont associés à d'autres types (Tardenoisien, Limbourgien), ceux-ci différents selon les cultures. Ce stade moyen est daté dans toutes les régions à la première moitié du Boréal. Sa diversité est moindre que celle du stade très ancien (phénomènes interculturels) mais par contre le nombre de groupes humains distincts s'accroit.

Enfin le stade récent, caractérisé par les trapèzes typiques, les lames à coches et le débitage des styles de Montclus et de Montbani, apparaît dans toutes les régions vers 5 900 A.C, avant le début de l'Atlantique.

Les éléments nouveaux sont au début associés aux anciens et cette coexistence dure plus de 1 000 ans. La fréquence et la durée de cette coexistence sont maximales dans le Limbourgien et le Tardenoisien et paraissent indiquer une origine des trapèzes typiques dans le Limbourgien.

Dans certaines cultures des lames et lamelles Montbani ne pénètrent que très tardivement (Limbourgien, Téviécien) ou pas du tout (Beaugencien, hors tableau, Ardennien), dans d'autres la retouche Montbani débute dès le stade moyen (Birsmatten H3, Rouffignac C.4). Cet élément « interculturel » (Kozlowski 1969) ne peut donc, au contraire des trapèzes typiques, être utilisé comme indicateur chronologique. Il pourrait en aller de même du style de débitage de Montbani dont la généralisation paraît décalée selon les régions. Les trapèzes typiques ne pénètrent pas dans le Beaugencien ni dans l'Ardennien où leur absence n'est donc pas probante.

L'évolution se poursuit avec transformations des armatures. Les flèches de Montclus et du Châtelet sont datées dans trois régions vers 4 500 A.C. mais les armatures à retouches inverses plates ne le sont jusqu'ici pas de façon certaine, leur développement paraît parallèle à celui des trapèzes sauf dans le Tardenoisien-Nord qui ne les accepte que très tardivement et très peu.

CONCLUSIONS

Comme on peut le voir dans le tableau de la figure 18, aucun des changements décisifs d'industries ne suit ni n'accompagne un changement climatique : la microlithisation apparaît en Provence sous climat tempéré (Alleröd), au Dryas III très froid dans le Limbourg, dans les deux cas comme l'aboutissement de processus de réduction des dimensions ayant débuté sous le climat contraire, et se poursuivant ensuite. L'apparition des trapèzes typiques a lieu partout avant le début de l'Atlantique (au point qu'à Châteauneuf le campement est sis dans le lit ancien du ruisseau détourné par le remplissage).

De plus les changements d'industries, parfois analogues (trapèzes typiques) interviennent simultanément dans des zones climatiques très différentes. En outre les compositions d'industries ne varient pas nécessairement d'une grotte à un site de plein air, au contraire. L'évolution des industries paraît donc obéir à un déterminisme beaucoup plus culturel (inventions et communications) qu'imposé par le milieu extérieur. A celui-ci il y avait toujours un nombre considérable d'adaptations différentes possibles, et le choix entre celles-ci dépend des traditions propres de chaque groupe humain et des inventions opportunes.

La croissance de la forêt ne paraît pas gêner les communications car les inventions et les modes diffusent très vite, au point que l'on ne peut discerner aisément leur point de départ. La multiplication des groupes distincts n'entrave nullement ces diffusions culturelles, au contraire semble-t-il car chaque stade paraît plus homogène que le précédent.

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LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

Fig. 1. Gisements cités.

Aa : Aardhorst. — Allée Tortue (voir Fère-en-Tardenois). — A : Auffargis (le Désert, les Rochers). Ba : Baulmes. — Beau : Beaugency. — Bég : Bégrolles. — Bel : Belloy. — Biochon (voir Ste-Marie). — Bi : Birsmatten. — Bl : Les Blanchères. — B. R. : La Borie del Rey. — Br : Brüggli. — Bu : Budel. — Busch Brand (voir Hergenrath). Chain : Chaintréauville. — Chambre des Fées (voir Coincy). — Chv : Chaville. — L. C. : Les Charmes. — CM : Châteauneuf. — Le Châtelet (voir Préfailles). — Co : Coincy (Sablonnière, Chambre des Fées). — A.C. : Abri Cornille. ■— Cu : Cuzoul. — E : Etiolles. — F : Fère-en-Tardenois (Allée Tortue, Parc). — L. F. : Les Fieux. — Fos : Fos (Mourre Poussiou). — Fl : Flône. — Flönnes (voir Hergenrath). — Ga : Gand. — Ge : Geldrop. — La Girardière (voir Ste-Marie). — Ha : Hatert. — He : Hergenrath (Flönnes 1, 2, Busch Brand). — Ho : Hoédic. — Kh : Kerhillio. — Kj : Kerjouanno. — Kervoyen (voir Plovan). — La : Larchant. — Le : Lendemain. — Li : Liesberg. — La : Lommel. — Maa : Maarheeze. — Mal : Malvant. — Mon ; Mannlefelsen. — MOT : Marlemont. — Ms : Marseille. — Le Martinet (voir Sauveterre). — Max : Les Mazures. — Mi : Milheeze. — LM : La Montade. — Mo : Montbani. — Me : Montclus. — Mb : Moosbiihl. — Na : Nanteuil-le-Haudoin. — Neu : Neu-muhle. — Og : Ogens. — Oir : Oirschot. — Oizy : Oizy. — Op : Opglabbeek. — Parc (voir Fère-en-Tardenois). — Pin : Pincevent. — Pis : Piscop. — PI : Plovan (Kervoyen, Ty Nancien). — Pon : Ponteau. — POT : Le Porteau (voir Ste-Marie). — Pré : Préfailles (Châtelet, St-Gildas). — Re : Remouchamps. — Retz : Pays de Retz. — R.A. : Roc d'Abeilles. — R.F. : Roche aux Faucons. — Rd : Rochedane. RLT : Roc La Tour. — Rou : Rouffignac. — Sablonnière (voir Coincy). — Saint-Gildas (voir Préfailles). — S.M. : Sainte-Marie (Biochon, Le Porteau, La Girardière). — St. P. : Saint-Pierre-les-Nemours. — Sa : Sauveterre (Le Martinet). — Sé : Sébouville. — Semois : Semois (vallée de la). — Sep : Septrou. — Sou : Sougné. — Te : Téviec. — L. T. : La Torche. — To : La Tourasse. — Tr : Troglodyte. — Ty Nancien (voir Plovan). — V : Valorgues. — We : Wegnez. — Wo : Woramerson. — Z : Zonhoven.

Fig. 2. Geldrop III-1 - Tableau équilibré.

Ce site ahrensbourgien de plein air a la même composition que la grotte de Remouchamps, sauf la plus grande proportion de grattoirs, qui sont courts (nos 1 à 10). La réduction des burins est déjà effective (nos 13 à 15 et 17). Lames tronquées et retouchées (nos 19 à 28). Les armatures comportent plus de pointes à troncature (nos 29 à 34) qu'à soie (nos 35 à 37) ou à cran (n° 39). Quelques triangles scalènes (n° 38). Ocre taillé en bâtonnet (n° 40). Coll. B.A.I. Groningen.

Fig. 3. Aardhorst - Tableau équilibré (stade moyen).

Les grattolrs (nos 1 à 6) sont dépassés par les éclats retouchés et denticulés (noos 7 à 12) et les lames retouchées et tronquées (nos 17 à 22) par les mêmes outils sur lamelles (nos 23 à 33). Les pointes à troncature subsistent (nos 34 à 40) avec des lamelles à bord abattu simples (nos 41-42) ou surtout tronquées (nos 43 à 49) passant aux triangles scalènes (nos 51-52) et aux pointes à base tranversale (nos 53-54). Coll B.A.I. Groningen.

Fig. 4. Oirschot V (G.Q.W.) - Tableau équilibré.

Il y a des grattoirs longs (nos 1 à 3) par exception, les courts (nos 4 à 8) restent la majorité. Nombreux outils sur lamelles (nos 15 à 22), lamelles à bord abattu (nos 23 à 27), mais surtout armatures à retouches couvrantes (nos 30 à 36) : feuille de gui (n° 30), triangle (n° 31), pointes à base ronde (nos 33-34) et à base biaise (nos 35-36). Les pièces nos 39 à 41 en silex rétablissent les proportions d'ensemble. Coll. B.A.I. Groningen.

Fig. 5. Lommel (Hamal-Nandrin, G.Q.W.) - Tableau équilibré.

Le taux d'armatures est peut-être forcé par un tri au ramassage. Plein emploi des trapèzes typiques (nos 11 à 16) et des retouches inverses plates (nos 20-21) à côté des armatures anciennes (nos 4 à 10 et 17 à 19) faites dans les lamelles du style nouveau. Coll. du Musée du Cinquantenaire, Bruxelles.

Fig. 6. Allée Tortue - Tableau équilibré.

Trapèzes typiques (nos 6 à 9), certains à retouches inverses plates (n° 9). Les lames et lamelles Montbani constituent la moitié de l'outillage (nos 10 à 18). Style de Montbani. Coll. R. Parent. Les sites tardifs du Limbourg (Opglabbeek, gisement D) sont très semblables, les détails n'en sont pas encore étudiés, qui pourraient peut-être les distinguer.

Fig. 7. Sériation typologique dans le Limbourg belgo néerlandais (et zones avoisinantes).

L'ordre des stations a été établi par les méthodes classiques, en particulier par le C14, la sédimentologie, les classements qualitatifs des types d'outils. On voit que les proportions des classes d'outils varient de façon continue pour la plupart. Seuls les grattoirs et les éclats retouchés ne montrent pas cette variation régulière d'emploi. Dans plusieurs cas (pointes à dos, pointes à troncature) il y a deux périodes d'usage : réinvention ou retour de faveur de ces outils ; (le cas des lamelles tronquées et retouchées est a part car les données pour Lommel sont douteuses : tri probable à la collecte). La partie droite du tableau montre l'apparition successive des types d'armatures. Un site isolé de la même région peut être placé approximativement à l'aide de ce tableau à condition d'employer la totalité de l'industrie et non quelques fossiles directeurs isolés.

Fig. 8. Foisonnement des classes d'armatures dans le Limbourg belgo-néerlandais (et zones voisines).

Chaque classe d'armatures apparaît et se développe avant la réduction de la précédente. Il y a toujours au moins deux classes bien représentées, sauf à la fin où les trapèzes restent seuls au gisement D.

Fig. 9. Proportion des outils.

Dans l'Ardennien ancien (Les Mazures : 186 outils ; Busch Brand : 83 outils ; Flönnes 2 : 215 outils), Le Limbourgien (Aardhorst : 568 outils) et le Tardenoisien (Roc La Tour II : 198 outils). Les taux d'armatures (entre les deux lignes doubles) sont beaucoup plus bas dans l'Ardennien qui comporte plus d'outils de la 5ème classe. Il n'y a pas de segments dans l'Ardennien à ce stade (ni dans le Limbourgien).

Fig. 10. Armatures et nucleus dans l'Ardennien, le Limbourgien et le Tardenoisien.

Dans l'Ardennien ancien (Les Mazures : 186 outils ; Busch Brand : 83 outils ; Flönnes 2 : 215 outils), Le Limbourgien (Aardhorst : 568 outils) et le Tardenoisien (Roc La Tour II : 198 outils). Les taux d'armatures (entre les deux lignes doubles) sont beaucoup plus bas dans l'Ardennien qui comporte plus d'outils de la 5ème classe. Il n'y a pas de segments dans l'Ardennien à ce stade (ni dans le Limbourgien).

Fig. 11. Dérivation de l'Ardennien depuis l'Ahrensbourgien local.

Ardennien ancien : Les Mazures (186 outils), Busch Brand (83 outils) ; Ahrensbourgien : Remouchamps (fouille Dewez, 290 outils) et Geldrop III-2 (352 outils). Les compositions numériques sont très analogues, pour les outils communs il y a seulement un peu plus d'éclats retouchés (2e classe) et d'outils sur lames de la 5e classe. Parmi les armatures Busch Brand a encore une pointe à cran (n° 60), Les Mazures présente autant de pointes à troncature que Remouchamps, mais les triangles et les pointes à base retouchée sont plus utilisées.

On remarquera aussi l'identité entre Geldrop III-2 (sur sable en plein air près d'Eindhoven) et Remouchamps (en grotte calcaire dans l'Ardenne) : seule différence, le bas taux des grattoirs à Remouchamps (particularité régionale existant dès le Magdalénien : Roc La Tour I n'a presque aucun grattoir).

Fig. 12. Sériation du Tardenoisien par la statistique typologique.

Manque la légende

Fig. 13. Proportions des outils aux stades ancien et moyen à l'embouchure de la Loire.

Pointe St-Gildas (124 outils), Malvant (310 outils), Le Châtelet (286 outils), Kerjouanno (118 outils). Il s'agit à cette époque d'un groupe unique (St-Gildas, à la limite du stade récent, est déjà un peu orienté vers le Retzien). Les taux d'armatures sont plus élevés à Kerjouanno et au Châtelet qui paraissent plus anciens (autant d'isocèles, n° 77, que de scalènes, n° 69). Les trapèzes sont présents dès le début en bon nombre, ce sont des trapèzes atypiques à deux troncatures concaves (n° 99). L'abondance des outils sur lamelles (68 classe) et la rareté des grattoirs évoquent le Tardenoisien, mais les segments manquent presque totalement (8e classe).

Fig. 14. Proportions des outils au stade récent en Bretagne du Sud.

Manque la légende

Fig. 15. Proportions des outils à Rouffignac (Sauveterrien).

La couche 5 b (129 outils) est la plus profonde, puis les couches 5 a (146 outils), 4 c (302 outils) et Sauveterrien récent à trapèzes de la couche 3 (191 outils). Les outils communs sont beaucoup plus abondants que dans le Tardenoisien, avec beaucoup d'outils sur lames de la 5e classe et peu sur lamelles de la 6e classe (pas de lamelles retouchées nos 37-39). Les éclats retouchés augmentent de couche en couche (35% en couche 3, opposition la plus forte avec le Tardenoisien, voir fig. 12) les lames et lamelles Montbani apparaissent dès la couche 5 (13 % en couche 5 b), sur supports du style de Rouffignac. Parmi les armatures les triangles sont de loin les plus employés.

Fig. 16. Sauveterrien récent a trapèzes : Rouffignac, couche 3, tableau équillibré (date au C-14 : 5 850 +/- 50 A.C.).

Les éclats retouchés (nos 13, 14, 16, 19) et denticulés (nos 10, 11, 12) de toutes sortes et les grattoirs denticulés (nos 15, 18) ou non (n° 17). sont plus nombreux que les armatures et les lames et lamelles Montbani (nos 1 à 4 et 7 à 9), ce qui est très différent du Tardenoisien (fig 6) ou du Limbourgien (fig. 5). D'ailleurs le style est celui de Montclus (nos 7 à 9, à comparer à la figure 5 nos 10, 11, 16, 18) et les armatures comprennent peu de trapèzes (n° 4), de types différents de ceux du Tardenois, et encore beaucoup de types du stade moyen : pointes à troncature (n° 1), lamelles à bord abattu (n° 2), triangles (n° 3). Il y a peu de microburins (n° 3). C'est un Sauveterrien à trapèzes, ce n'est pas un Tardenoisien.

Fig. 17. Proportions des armatures à l'abri Cornille.

Couches valorguiennes 9 (260 outils) et montadienne 6 (378 outils) et dans le Castelnovien de Montclus couches 14 (183 outils) et 10 (106 outils). On peut difficilement rêver opposition plus totale qu'entre le Valorguien et le Montadien : grattoirs en C.9 contre éclats retouchés en C.6, lamelles à bord abattu de style paléolithique (au n° 34) et pointes fusiformes en C.9, contre segments minuscules en C.6. Toutefois M. Escalon a pu prouver la filiation de l'un à l'autre.

Le Castelnovien n'est pas moins différent avec son peu d'outils communs et ses trapèzes, dont les types changent de M.14 à M.10, et les lames et lamelles Montbani. La filiation cependant n'est pas douteuse du Montadien au Castelnovien (perceptible dans les couches profondes de Châteauneuf et à divers autre sites).

Fig. 18. Tableau chronologique succinct de l'Epipaléolithique franco-belge.

Les sites datés ont été placés selon leur appartenance archéologique, généralement compatible avec le double écart-type de la datation, sauf Maarheeze où il s'agit probablement d'un foyer intrusif. Les autres sites sont placés approximativement en tenant compte des filiations et des parallèles interculturels, dont le degré de probabilité est moindre. Les flèches en traits pleins indiquent les filiations paraissant certaines à l'auteur, celles en pointillés les filiations possibles mais non démontrées. Un double trait (sous M.14) indique une discontinuité culturelle. En verticales sont placées les cultures déjà reconnues ou proposées par l'auteur. Les horizontales en tiret indiquent les limites des « stades » interculturels, qui ne sont pas moins importantes et qui font de ce schéma un tableau à double entrée.


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