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Docteur Jean-Georges Rozoy


Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

1992

Dr J-G.Rozoy

LE PROPULSEUR ET L'ARC
CHEZ LES CHASSEURS PRÉHISTORIQUES
TECHNIQUES ET DEMOGRAPHIES COMPAREES



La Préhistoire doit reconstituer la vie même de nos ancêtres. Le consensus à ce sujet est à peu près général. Les modes de chasse et les effectifs et structures de population ne sont certes pas le tout de cette vie, ils en constituent toutefois pour les chasseurs des éléments importants. Ces questions paraissent assez peu stimuler l'esprit déductif de nos collègues, peut-être parce que l'accord est moindre au sujet des moyens pour y parvenir et, plus grave, sur la mesure dans laquelle un tel objectif peut être atteint. Certains estiment en effet que la documentation existante, et même celle, potentielle, des gisements conservés par le temps et non encore découverts ne permet pas de l'approcher, même de loin. Mais les modes de vie sont assez analogues au Magdalénien et à l'Epipaléolithique pour permettre tout au moins des comparaisons (Rozoy 1985).

LE PROPULSEUR ET LA SAGAIE

Le propulseur est, fonctionnellement, un simple bâton muni d'un crochet. Les objets retrouvés dans le Magdalénien sont courts (10 à 30 cm), mais tous ceux qui sont entiers comportent des moyens de fixation sur un manche disparu, qui était certainement en bois (Stodiek 1992). Les crochets portent des traces constantes, retrouvées exactement par les expérimentations (Cattelain 1986, 1988-89, 1990, 1991). Les propulseurs subactuels connus ont de 50 à 90 cm de long et des diamètres de 2 à 4 cm, avec des formes très diverses, certains étant des planchettes larges parfois de 10 cm, sauf à la poignée (Cattelain 1988, 1992). La technique de lancer est simple (fig.1), elle utilise directement la force musculaire du chasseur. L'usage du bras de levier constitué par l'engin permet d'augmenter fortement la vitesse initiale, mais sans accumulation préalable d'énergie. Il s'agit d'un outil, non d'une machine, mais il témoigne déjà d'une culture technique élaborée

Les sagaies correspondantes mesurent jusqu'à 3 m et plus. La force étant appliquée au talon de la hampe et non plus au milieu, le diamètre de la sagaie doit être d'au moins 13 à 15 mm si l'on veut éviter le bris au lancer, ou parfois à l'arrivée. La précision est meilleure quand on allonge le fût (240 et, mieux, 270 cm). On lance donc des traits pesant 150 à 250 g, munis d'une pointe en os ou bois de renne ou en silex pesant de 10 à 50 g qui assure à la fois l'équilibration du projectile (il faut un peu plus de poids à l'avant) et la bonne pénétration dans l'animal. Les dimensions et les poids des pointes de traits trouvées dans les couches témoignent des hampes sur lesquelles elles étaient montées et confirment que nos expérimentations correspondent bien à la réalité paléolithique. Les armatures sont collées avec un mastic complexe (le meilleur est un mélange de résine de pin et de cire d'abeille) et doivent être ligaturées (Stodiek 1990) avec du boyau ou du tendon. Ces ligatures s'emploient aussi pour faire des hampes composites (en raison du manque de grands bois à l'époque) ou pour en réparer, mais les raccords faits dans le milieu de la hampe cassent très vite. Nous n'avons pas de traces de l'empennage, mais l'expérimentation et l'ethnographie nous assurent de son utilité. Il était lui aussi collé et ligaturé

Le propulseur est un progrès important par rapport au lancer de sagaie à la main. La portée et (ou) la pénétration sont considérablement accrues. Au-delà de 20 ou 30 m la précision devient médiocre, les expérimentations le démontrent, et la pénétration (Stodiek 1990) diminue fortement aussi. Mais c'est déjà un grand avantage de pouvoir tirer à 20-30 m au lieu de 5 ou 10, tant pour les difficultés d'approche du gibier qu'en fonction du danger : la chasse de l'aurochs, par exemple, était considérée encore au XVI° siècle comme périlleuse par des cavaliers bien armés !

Les techniques de chasse compatibles avec le propulseur sont l'approche et l'affût, mais aussi (et surtout) le rabattage, qui est fortement suggéré par certains grands gisements magdaléniens en des passages étroits (Petersfels, Schweizersbild, Kesslerloch, Weniger 1982, La Garenne, Allain 1989, p.196). Les groupes élémentaires doivent être nombreux pour la pratique du rabattage : 40 à 50 personnes au moins. Cela correspond bien à l'importance de beaucoup de gisements magdaléniens (Albrecht, Berke et Poplin 1983, p.125-127) quoique on en connaisse de petits qui peuvent être considérés soit comme satellites des précédents, soit comme provenant de pratiques différentes, peut-être selon les saisons.

Le propulseur apparaît au Magdalénien où il est surtout connu dans le Magdalénien moyen par les exemplaires en bois de renne. Mais il a pu exister avant ou en même temps en bois végétal. On connaît dans le Solutréen supérieur un fragment (crochet) attribué à un propulseur avec une bonne vraisemblance (Cattelain 1989). Le propulseur disparaît à la fin du Magdalénien, il n' y en a aucun à l'Azilien ni dans les divers Aziloïdes, ni à l'Epipaléolithique ("Mésolithique"). Les dimensions et surtout les poids des armatures sont dès l'Azilien, dans la plupart des sites, totalement exclusifs de son emploi (Rozoy 1978, p. 1010, 1989 c).

L'ARC ET LA FLECHE

L'arc est une machine, avec accumulation d'énergie qui est relâchée d'un seul coup. A part peut-être les bolas, dont la preuve est toujours délicate, c'est la première machine inventée par l'homme. La culture technique est ici encore plus affinée. Il faut choisir le bon bois : à Holmegaard, à défaut d'if, de l'orme poussé à l'ombre, les arcs à simple courbure mesuraient 150 à 160 cm (Becker 1945, Mathiassen 1948). Il faut amincir le bâton par grattage en respectant le sens et les rapports des fibres de liber et de duramen, ménager la poignée et les encoches pour la corde, le graisser, tresser la corde... La confection prend trois jours au moins. (Pour la technologie de l'arc, on consultera Pope 1962, Olsen 1973 et Rozoy 1978, p. 1008-1020).

Les flèches mesurent de 50 à 90 cm, pour un calibre de 6 à 10 mm, elles pèsent de 10 à 30 g. Celles de Stellmoor étaient prises dans le coeur de troncs ou de grosses branches de pin (pin et saule étaient seuls disponibles). Il avait donc fallu couper et refendre ces bois (avec des haches de Lyngby). Les flèches sont munies, en pointe, d'armatures pesant 1/2 à 2 g, souvent complétées par un ou des tranchants latéraux (fig.2). Ceux-ci ne sont pas des barbelures de harpons, qui n'auraient pas résisté à la traction, le harpon, destiné à tirer le gibier hors de l'eau, doit être d'une seule pièce. Tous les harpons retrouvés le sont et on ne connaît nulle part de harpon vrai à barbelures rapportées. La fonction des tranchants latéraux est d'élargir la plaie ouverte par le tranchant biais de la pointe, et de frayer la voie de la flèche à travers le corps de l'animal, cela explique l'excellente pénétration : dans l'aurochs de Prejlerup on a trouvé 15 armatures (Fischer 1989, Rozoy 1992 a). Quelques armatures ont été retrouvées dans la tourbe, montées sur leurs hampes, d'autres, plantées dans des os, parfois à la face interne de l'os (aurochs de Vig), ou portant des traces du mastic de fixation (listes et étude dans Rozoy 1978, p.949-958, et Rozoy 1992 a).

La présence massive des armatures microlithiques pesant moins de 10 g prouve l'emploi de l'arc et de la flèche. En effet, toutes les études de traces d'usage ont trouvé sur les armatures épipaléolithiques exclusivement des traces de chocs longitudinaux. L'empennage, attesté par des traces de ligatures, emploie de grandes plumes, les os d'aigle trouvés dans certains gisements témoignent probablement d'un soin particulier en ce sens, avec peut-être un aspect magique car on peut très bien empenner avec des plumes de colombe ou d'autres, et si l'empennage est trop large il ralentit trop la flèche.

La flèche vole à 100 km/h et traverse un ours ou un élan de part en part à 50 m (Pope 1962). L'arc est beaucoup plus précis que le propulseur, c'est son avantage essentiel. Il permet donc de tirer de plus loin, l'approche devient plus aisée, ce qui augmente beaucoup la sécurité, l'efficacité et le rendement de la chasse, et de la vie elle-même : il devient plus facile de tenir les loups à l'écart. L'arc induit ainsi d'importantes transformations sociales : le rabattage n'étant plus aussi nécessaire, on pourra chasser à deux ou trois, la vie devient possible en petits groupes. En témoignent les milliers de petits sites des archers épipaléolithiques ("mésolithiques") dont les surfaces occupées et les nombres d'outils sont beaucoup plus réduits que ceux des lanceurs de sagaies du Paléolithique. Le rabattage ne sera plus employé que lors des grandes réunions annuelles, mémorables, qui seront figurées sur les parois rocheuses, justement parce qu'exceptionnelles.

L'arc est attesté de façon sûre (par des arcs et des flèches) à partir du Dryas III dans l'Ahrensbourgien. Il peut être déduit des poids et largeurs des armatures (Rozoy 1978, p. 1010, 1989 c) pour l'ensemble du stade très ancien (Azilien et Aziloïdes de l'Alleröd) et, au moins localement, dès la fin du Dryas II dans le Valorguien et dans certains sites du Magdalénien final (Gare de Couze) (Bordes 1979). Il a probablement été inventé plusieurs fois, notamment dans le Solutréen du Parpallo, mais sans suite. Par contre à partir de la fin du Dryas II la continuité et la généralisation sont assurées. On ne connaît actuellement aucun site préhistorique où sa présence (certaine ou déduite) coïncide avec celle du propulseur.

DEMOGRAPHIE DES ARCHERS EPIPALEOLITHIQUES

La démographie du Magdalénien étant déduite de celle des archers, celle-ci sera exposée en premier. On a longtemps cru que l'effectif de la population préhistorique était réglé par la famine (Mortillet 1883). L'Epipaléolithique ("Mésolithique") est l'époque au sujet de laquelle cette fable a le plus longtemps survécu, avec l'idée absurde que l'homme avait été "rejeté à la côte" (Evans 1969) par "l'extension de la forêt vierge" (Varagnac 1960) et qu'il en avait été réduit à "gober des coquillages à longueur de générations". C'est l'idée des "rôdeurs de grèves" misérables ("strand-loopers", Clark 1967, 1970) On trouvera dans Rozoy 1978, p.1029-1041, l'exposé des faits réels, et toutes les références à ce sujet.

Les archers épipaléolithiques sont des hommes de la forêt, celle-ci est un milieu hospitalier, riche en gibier et où il fait bon vivre. Les recherches ethnographiques des dernières décennies ont montré que les chasseurs "primitifs" subactuels, avec trois ou quatre heures de travail par jour, mangent plus que les rations calculées par les diététiciens, et que leur densité de population est réglée nettement au-dessous de la capacité nutritive de leur territoire. Cette régulation n'est pas d'origine alimentaire, mais bien sociale et inconsciente (détails et références dans Rozoy 1978, p.1063-1064). Il n'est pas inutile de le rappeler, puisqu'en 1988 l'"Histoire de la population française" (vol.1, p.35-36) fait encore état de la vieille théorie de la famine et des "rôdeurs de grèves".

Les archers épipaléolithiques ont vécu également sur tous les terrains en France et en Europe. Ils ont chassé à l'intérieur, et nous ne connaissons même que très peu de ces amas de coquilles dont on parle tant : Téviec, Hoédic, Beg an Dorchenn et la Pointe St Gildas sont à peu près les seuls en France (O. Kayser vient d'en trouver un cinquième), encore n'étaient-ils pas sur le rivage de l'époque, qui est submergé, mais sur des points hauts à plusieurs kilomètres de la côte, et ils contenaient quantité d'os de mammifères. Y. Boone (1976) y ajoute la Baume Longue de Ponteau (Montadien, Escalon 1966) où les coquilles formaient une partie importante du dépôt, mais non pas tout, et d'autres sites qui contenaient "des coquillages" (Puits Segond, La Marcouline, Châteauneuf-les-Martigues). Pour les couches à escargots, dont Y. Boone fait un relevé très complet, les coquilles ne constituent généralement qu'une part (parfois minime) du remplissage, qui, comme à Téviec etc, contient toujours des os de grands mammifères : grottes et abris de plaine, de vallées et de montagne, et gisements de plein air, en tout 49 sites (dont 10 de l'Azilien pyrénéen) à l'intérieur des terres, contre 4 (ou 8) sur les côtes. La discussion au colloque de Chambéry (sept.1992) a montré que les nappes d'escargots de Troubat (Barbaza 1988) apportaient chacune environ 10 à 20 kg de chair de mollusques, de quoi nourrir une famille seulement 2 à 3 jours. Il faut y ajouter les centaines de sites sans coquilles publiés depuis 100 ans (dont 145 dans "Les derniers chasseurs", Rozoy 1978, qui ne retenait que les sites ou couches étudiables nécessaires à un premier classement) et les milliers d'autres qui sont seulement cités ou connus des chercheurs locaux.

La répartition paraît avoir été sensiblement égale sur tout le territoire, il n'y a pas en France de canton, voire de commune, dans le- ou laquelle on ne puisse trouver des armatures épipaléolithiques témoignant de la chasse des archers. Même les montagnes furent au moins visitées. Il en va de même en Angleterre (Smith 1989). La densité plus forte des sites ici ou là dépend pratiquement toujours des facilités de la recherche, soit de par la nature du terrain, soit par la disponibilité de chercheurs intéressés, le plus souvent bénévoles. Les trop rares prospections systématiques montrent cette égalité, et son étude comparée à celle du terrain (Kvamme et Jochim 1989) prouve une légère préférence pour des positions élevées et loin de l'eau (fig.3).

La capacité nutritive maximale du territoire est la meilleure base d'estimation de la population disparue. Mais on ne peut la calculer pour les stades très ancien et ancien des archers parce que la plupart des animaux (aurochs, cheval sauvage, cerf géant) ont disparu, et nous en ignorons la densité. De plus, pour le stade très ancien, la toundra-parc ne peut être assimilée à celles qui existent maintenant sous d'autres latitudes, ni la densité du renne d'alors à celle des rennes aujourd'hui émigrés. La situation ne devient exploitable qu'au Boréal et surtout à l'Atlantique avec un climat assez analogue à l'actuel et des animaux toujours existants dont nous connaissons les effectifs. Le calcul détaillé concernant l'Atlantique a été exposé déjà (Rozoy 1978, p.1064-1066), en voici un très bref résumé : En comptant 4 cerfs et 2 sangliers au km2 (et 10 chevreuils, mais ceux-ci n'ont pratiquement pas été utilisés alors), avec 60 % de viande, l'abattage d'un animal sur six, des besoins caloriques moyens de 2 500 calories par personne, et en estimant la pêche et le gaspillage, on trouve un nombre maximal possible de 150 000 rations alimentaires en France.

La population réelle était certainement bien au-dessous de ce maximum théorique, à cause des fluctuations naturelles importantes de celui-ci, et comme observé par l'ethnographie subactuelle. Celle-ci constate entre population et capacité nutritive un parallélisme constant, mais avec une forte marge (Birdsell 1968). A la suite d'un mauvais hiver, le nombre des cerfs peut se réduire de moitié, c'est alors qu'on approche du prélèvement maximal possible de 20 % et qu'on se rabat un peu sur le chevreuil. Un tiers du maximum théorique paraît une estimation raisonnable, soit 50 000 habitants en France à l'Atlantique, ou plus modestement : entre 30 000 et 70 000. Au Boréal la forêt était plus claire, plus ouverte, presque une forêt-parc, où il pouvait y avoir plus de gibier : il pouvait y avoir place pour moitié plus de monde (ce qui ne veut pas dire que ce nombre ait nécessairement été atteint).

Cette estimation est cohérente avec celle donnée par Brothwell (1969) pour la population mondiale : 5 à 20 millions d'habitants. Sur la base des surfaces émergées, sans autre correctif, on trouverait 12 millions (18 millions si l'on admet 75 000 en France au Boréal). L'estimation de J.N. Biraben (1988), malgré le caractère périmé de certaines de ses sources, est du même ordre : par référence à "entre 15 000 et 20 000 personnes" en France pour la fin du Paléolithique supérieur, J.N. Biraben écrit : "la population du territoire s'est probablement abaissée dès la fin du -IX° millénaire à 12 000 ou 13 000 habitants, peut-être moins. Elle n'a pu commencer à remonter que vers la fin du -VIII° millénaire où elle a dû retrouver son niveau antérieur." (donc 15 à 20 000 au Boréal, Rozoy). J.N. Biraben poursuit :"Cette lente remontée semble avoir persisté au cours du -VII° millénaire au cours duquel la population a peut-être doublé". Ce qui donnerait pour l'Atlantique un effectif de 30 000 à 40 000 personnes, très analogue à celui fourni par le calcul ci-dessus (50 000). On voit que J.M. Bouvier (1989) n'était guère fondé à contester cette estimation, et d'autant moins que celle de J.N. Biraben ne se base nullement, comme J.M. Bouvier l'affirme, sur des "outils mathématiques lourds intégrant les facteurs de fécondité naturelle, longévité, pathologie et état sanitaire, etc", pour la bonne raison qu'on ne dispose pas des données nécessaires (Constandse-Westermann et Newell 1984), et notamment de l'intervalle entre les naissances. J.M. Bouvier confond le -IX° millénaire avec "l'ensemble du Mésolithique", c'est négliger la diversité climatique du post-glaciaire et la diversité culturelle du passage des lanceurs de sagaies aux archers.

Pour les -X°, -IX° et -VIII° millénaires, J.N. Biraben (qui malheureusement n'indique pas ses sources de documentation) pose une question très sérieuse. En effet, il est notoire que jusqu'à présent nous connaissons pour le -X° millénaire (épisode d'Alleröd, Azilien et Aziloïdes) moins de sites que pour le Magdalénien VI d'une part, et surtout pour le Boréal ou l'Atlantique. Pour les millénaires -IX° (Dryas III et Préboréal) et -VIII° (suite du Préboréal) le déficit persiste, allant jusqu'à une vacuité totale de la moitié Nord de la France pour le Dryas III (où l'on ne peut pourtant accuser la forêt), et ne se comblant (et au-delà) qu'à la fin du -VIII° millénaire avec le passage au stade moyen. Compte tenu des variations entre les auteurs sur les dates-limites des zones polliniques, les estimations de J.N. Biraben concordent avec ce que nous connaissons actuellement des nombres de sites pour ces périodes où, comme dit ci-dessus, le calcul des capacités nutritives maximales n'est pas possible.

Mais le problème semble être plutôt celui de notre capacité à découvrir les sites, et aussi à les dater. Pour des raisons diverses, la recherche a été menée très inégalement selon les régions et les périodes. Les Paléolithiciens sont agglomérés dans le Sud-Ouest, et le Magdalénien, spectaculaire avec l'art figuratif, a plus attiré les chercheurs que les prétendus "dégénérés du Mésolithique". Encore celui-ci bénéficie-t-il de la commodité de dépistage apportée par les armatures, et surtout dans le Bassin parisien où les Tardenoisiens ont été saisis d'une véritable "manie des armatures", mettant probablement plusieurs tranchants latéraux à chaque flèche. Cela facilite évidemment la découverte et l'identification des sites, surtout quand on sait où les chercher. Les stades très ancien et ancien de l'Epipaléolithique ont, dans la partie Nord de la France tout au moins, où il n'y a guère de grottes, beaucoup souffert de cette désaffection des chercheurs, de l'ignorance où nous sommes encore des types de sites occupés, et de la priorité ou même exclusivité donnée (à juste titre au début, mais ce n'est plus justifié maintenant) aux stratigraphies. Cette situation contraste singulièrement avec l'abondance des sites à "Federmesser" en Allemagne du Nord (Schwabedissen 1954). Les estimations basées sur la distribution des gisements sont donc fortement biaisées pour les périodes encore mal étudiées. Les travaux en cours (Fagnart 1991) commencent seulement à combler ce hiatus qui est un reste régional de celui célèbre entre Paléolithique et Néolithique, et comme lui n'était "que dans nos connaissances" (Mortillet 1874).

On ne peut donc essayer d'utiliser la distribution des sites que pour les périodes et les régions où la recherche paraît avoir été sinon exhaustive, du moins suffisante. C'est le cas, semble-t-il, du Magdalénien pour toute la France, et de l'Epipaléolithique ("Mésolithique") moyen et récent dans certaines régions. C'est à ces cultures que le présent auteur entend limiter ses estimations. Pour les stades moyen et récent des archers épipaléolithiques, on peut sans grand danger généraliser à l'ensemble du territoire, parce qu'on sait leur répartition égale. Pour le stade très ancien (Aziloïdes), il convient de rester très prudent. Il est évident que des régions vides au Magdalénien ont été peuplées (Varennes-les-Mâcon, Les Blanchères, Bois du Brûle, etc), et des recherches nouvelles en font apparaître constamment (Rozoy 1986 b, Thévenin 1989, Fagnart 1991). Même en Périgord il existe des indices de "populations plus importantes" (Duchadeau-Kervazo 1986, p. 57, 1991). Les sites sont grands en général, rappelant plus les forts groupes du Paléolithique que les petits camps des archers qui suivront : le changement technique a précédé celui du mode de vie. On ne peut donc extrapoler à partir ni des uns, ni des autres. Il faut attendre l'avancement des recherches, si les engins n'ont pas tout détruit avant que nous nous décidions à les entreprendre. Pour le stade ancien, plus analogue au stade moyen, une extrapolation à partir de celui-ci paraîtrait toutefois dangereuse, mieux vaut là aussi attendre une meilleure documentation. Il est possible que sa durée ait été plus brève qu'on ne le pensait, cela expliquerait le petit nombre de sites connus.

L'identification des groupes humains régionaux, pour les archers comme pour les autres, repose sur les caractères des produits de leur activité, et sur le groupement géographique de ceux-ci. Il ne s'agit pas uniquement de typologie, bien qu'elle soit très utile, mais aussi des styles de travail : style de débitage, styles de réalisation des outils, style des décors des objets lorsqu'on peut y accéder, etc. Des activités différentes peuvent amener à changer d'outillage, mais pas de style : Le style, c'est l'homme. R.R.Newell (1990) le définit ainsi, d'après Sackett : "toute variation ou embellissement d'un artefact au-delà de ce qui est inhérent au matériau utilisé ou déterminé par sa fonction primaire". Beaucoup d'éléments de détail de la typologie sont proprement stylistiques, par exemple faire des pointes du Tardenois à base rectiligne ou concave, gratter les peaux avec des grattoirs en silex, ou des éclats retouchés... ou, comme les Tardenoisiens, avec des outils (en bois ?) ne laissant pas de traces, etc. Bien entendu, d'autres caractères sont aussi à prendre en considération quand on en dispose, ce qui est malheureusement trop rare : sites occupés, et de quelle façon, animaux consommés, etc. Avec tous ces indices on parvient à délimiter les groupes humains régionaux ("cultures", Rozoy 1978, p. 88, 1991 b, 1992 b, c, d, e).

Les cultures épipaléolithiques occupent en France des surfaces de 10 000 à 30 000 km2 (fig.4), peuplées chacune de 1 000 à 3 000 personnes, enfants compris. On peut y voir les territoires des tribus, dans la mesure, limitée, où ce mot a un sens pour les chasseurs (Service 1968). Par des moyens différents (la parure personnelle) R.R.Newell et coll. (1990) trouvent en Europe 11 groupes de base couvrant 10 000 à 50 000 km2 (dont 7 de 10 000 à 30 000 km2). C'est une première confirmation par critères externes, dont tous devraient savoir la grande valeur théorique. Mais R.R. Newell insiste (p. 2, p. 6) sur la structure ouverte du réseau de mariages, la population de reproduction dépasse largement les limites de la tribu dialectale.
D'autres convergences d'éléments indépendants sont de nouveaux indices de validité : les surfaces des cultures ont été relevées sur le terrain, par la typologie et le style (ou la parure pour Newell), les calculs de populations dérivent des densités des gibiers. Or la combinaison des deux sources aboutit à des effectifs et des surfaces occupées parfaitement compatibles avec ceux des tribus dialectales de chasseurs non cavaliers observées en Amérique du Nord dans des conditions climatiques analogues (Newell et Constandse-Westermann 1986 b).

DEMOGRAPHIE DU MAGDALENIEN SUPERIEUR : GROUPES REGIONAUX

Seuls les stades supérieurs du Magdalénien sont largement répandus en Europe (Bosselin et Djindjian 1988, Otte 1992). Avant la fin du Dryas I, le froid confine Badegouliens et Magdaléniens dans le Sud-Ouest de la France (fig.5). Au stade moyen, les rares sites du Magdalénien à navettes, peu fournis, ne permettent pas actuellement d'étude démographique. Le Quercy ne se distingue alors pas bien du Périgord (Lorblanchet 1989) et il pourrait n'y avoir qu'un seul groupe. On n'étudiera ci-après que la démographie du Magdalénien supérieur (au sens de Breuil) à partir du Bölling.

La distribution des sites magdaléniens est très inégale. Ils sont agglomérés en une quinzaine de petites régions (fig.6) où les gisements sont peu distants, de quelques kilomètres ou parfois moins. Ces régions occupées totalisent à peine le quart de la surface disponible. En dehors d'elles, on trouve des sites dispersés, environ à 50 ou 100 km les uns des autres. Ce sont des zones visitées (cf. Taborin 1992, territoires habituel et occasionnel). Depuis une vingtaine d'années les recherches nouvelles ne modifient que peu ce tableau, les sites découverts sont presque tous dans des zones déjà connues et il s'agit plus souvent d'étude et publication que de découvertes proprement dites. Les trois apports les plus notables sont l'un dans l'Est de la France (David 1989, 1992), où l'adjonction de 9 sites aux 4 déjà publiés permet d'identifier un groupe régional, ou plus probablement d'étendre celui de Rhône-Alpes. Il y en a un autre en Suisse où la thèse de J. Sedlmeier (1989) va montrer un groupe de 23 stations en deux sous-groupes séparés par 20 km autour de Brüggli et de Moosbühl (à ce chercheur de dire si ce sont les mêmes gens que ceux du Jura souabe). Enfin dans l'Espagne méditerranéenne la recherche est en plein développement, mais on ne sait encore s'il y a un ou deux (ou plusieurs) groupes géographiques. Il faut encore corriger les valeurs indiquées précédemment (Rozoy 1988, 1989) pour le Nord de l'Espagne par la prise en compte d'une vingtaine de grottes ornées attribuées au "Magdalénien inférieur cantabrique" qui paraît plutôt contemporain du Magdalénien moyen ou même supérieur. Nul doute que la poursuite de la recherche n'amène à d'autres aménagements. Il a toutefois paru utile d'établir ce premier bilan, dont les caractères essentiels (faiblesse numérique, inégalité de distribution) subsisteront probablement.

Au total, on trouve actuellement 712 gisements certains du Magdalénien supérieur : 8 groupes de stations en France et en Belgique avec 402 gisements, 9 concentrations en dehors de la zone francophone (compris l'Espagne méditerranéenne en cours d'étude) avec 273 points. Il y a (au moins) 37 sites isolés : 16 en France et 21 au dehors, dont les 4 sites isolés de Pologne (Kozlowski 1989, hors carte) et les 2 sites portugais qui d'après J.Roche (1979) sont les témoins subsistants d'un peuplement important dont les restes ont été lessivés par l'érosion. A l'intérieur de chacune des régions se retrouve la même inégalité de distribution : des groupes de sites, et des blancs dont la plupart ne paraissent pas dûs à des obstacles naturels (fig.7). Le Magdalénien supérieur n'est d'ailleurs pas seul dans ce cas, les autres cultures du Paléolithique supérieur manifestent la même systématique (fig.8) : on n'utilise pas tout le terrain, loin de là. Les zones occupées par les différentes cultures ne concordent que partiellement, sans que nous en saisissions les raisons.

Dans quelle mesure les groupes géographiques de stations correspondent-ils à des groupes humains cohérents et distincts ? Le groupe de l'Ardenne et celui de Pincevent, au Sud-Est de Paris, ont été laissés par les mêmes personnes, allant de l'une à l'autre zone, car ces gens ont transporté des coquilles fossiles du Bassin de Paris en Ardenne (Dupont 1872). En outre, la typologie confirme, en qualités et en quantités (Rozoy 1988 b), et on peut montrer qu'ils n'étaient en Ardenne qu'en été (Rozoy 1989 d, Patou 1992, Dewez 1992) (contra : Audouze 1992, autonomie du bassin parisien). Par contre, les sites au Nord de l'Ardenne et ceux autour de Gönnersdorf (Bosinski 1978) ont été laissés par un groupe humain différent (Rozoy 1989 a).

L'autonomie (ou non-autonomie) des groupes régionaux doit donc être examinée cas par cas. Il faut employer tous les indices à notre disposition. Un ou deux fossiles "directeurs" ne suffisent pas à faire un facies technique, ni surtout un groupe humain. Les rares sites du "Magdalénien à navettes", par exemple (Allain et coll. 1985), malgré la convergence de plusieurs éléments (Allain 1989), diffèrent trop par d'autres caractéristiques techniques pour qu'on puisse les croire provenir d'un seul groupe social. Pour affirmer la présence d'un groupe humain autonome il faut constater la convergence d'une majorité de traits communs de plusieurs domaines. Cela est toujours dans des limites géographiques définies où il n'existe en général qu'un seul aspect pour un moment donné, la difficulté étant de distinguer les facies chronologiques (qui coexistent dans une même région) des différences régionales et des variantes dûes à des activités diverses. On a souvent affirmé des coexistences de facies contemporains, généralement remis en cause ensuite, tel le "Magdalénien supérieur sans harpons" contesté par M. Lorblanchet (1989) qui toutefois introduit pour le Quercy de nouvelles distinctions indiquant une bipartition évolutive du Magdalénien lors de l'azilianisation. La fragmentation des groupes régionaux ne serait donc pas toujours uniquement géographique, tout au moins initialement.

On peut reconnaître en France au moins six groupes humains distincts : en Pyrénées, Périgord-Quercy (probablement double ou triple), Massif central, Provence-Languedoc, Nord des Alpes (plus Saône et Jura), et celui du Bassin parisien qui visite l'Ardenne en été. Des différences permettent d'exclure que ces groupes de stations soient le fait des mêmes personnes se déplaçant : le burin bec-de-perroquet n'est connu que dans le Périgord. Cet élément apparemment typologique ressortit en réalité au style, on pourrait faire le même travail avec d'autres types de burins. Les sites du Massif central comportent tous de forts taux de lamelles à bord abattu (plus de 70 %, Delporte 1966), en Périgord ils sont très variables. Les affinités en Provence-Languedoc (Bazile 1987) sont avec le Périgord et diffèrent nettement des façons pratiquées en Alpes-Saône par un groupe plus proche; les gens du Bassin parisien font quantité de perçoirs, etc. Si les chasseurs de Pincevent s'étaient repliés dans le Sud-Ouest lors des très grands froids du Dryas II, ils y auraient importé leur passion des perçoirs, ce qui n'est pas. J. Clottes (1989, p. 325) écrit : "L'art contribue puissamment à individualiser le Magdalénien des Pyrénées", il insiste dans sa conclusion sur la "forte unité" du Magdalénien pyrénéen. On trouverait facilement d'autres éléments de distinction, ne seraient-ce que "les figurations féminines du type de Gönnersdorf (...) qui ont en France une répartition exclusivement périgourdine et quercynoise" (Lorblanchet 1989). Ces faits sont incompatibles avec l'idée de déplacements humains massifs déterminés par des migrations des rennes, dont la réalité est tour à tour affirmée puis niée tous les dix à quinze ans. Ils ne signifient pas pour autant une autonomie totale des groupes au point de vue génétique, au contraire il existe une seule population de reproduction en Europe (Gambier 1992, Garralda 1992, Billy 1992). Tr. Constandse-Westermann et R.R. Newell (1990) en disent la cause : la densité humaine est alors bien inférieure à celle qui permet la coïncidence de la tribu dialectale et de la population de reproduction.

Zones occupées en France au Magdalénien supérieur

Pyrénées. 35 000 km2 87 sites
Périgord-Quercy-Vienne35 000 - 154 sites
Massif Central25 000 - 63 sites
Provence-Languedoc15 000 - 23 sites
Saône-Alpes20 000 - 39 sites
Pincevent-Ardenne15 000 - 36 sites
Total France et Belgique145 000 km2 402 sites

Il semble y avoir une unité de base de 15 000 à 20 000 km2 comprenant en l'état actuel de la recherche autour de 35 sites connus. Les Pyrénées et le Périgord apparaissent comme des zones doubles ou même triples. Les zones occupées sont pour la plupart caractérisées par la diversité des niches écologiques accessibles, du fait de reliefs contrastés ou de bords de rivières avec des gués (Straus 1986, Rozoy 1988 b).

Ce schéma très grossier devrait être affiné en fonction des périodes successives : l'expansion démographique que l'on avait postulée dans le Sud-Ouest au Magdalénien VI paraît illusoire, cette période ayant été plus longue qu'on ne le pensait (Bouvier 1979), mais le Magdalénien moyen devrait être isolé. S. David (1989) distingue dans l'Est des "influences" différentes au Dryas I, au Bölling et au Dryas II. Ce sont plutôt des communautés de façons de procéder, on ignore qui donne et qui reçoit, mais le problème demeure. Il n'est actuellement pas soluble dans la plupart des cas, parce que beaucoup de sites, et souvent les plus riches, ne sont pas exactement datables (fouilles anciennes ou mauvaise conservation des éléments organiques). Il faut donc se contenter pour l'instant d'une vision globale "Bölling + Dryas II", comme le fait aussi M. Otte (1992).

EFFECTIFS DE POPULATION AU MAGDALENIEN SUPERIEUR

Certaines des rares évaluations publiées découlent de comparaisons ethnographiques assez lointaines dans le temps et dans l'espace. La plupart des auteurs évitent le sujet, prétendant que les données connues ne permettent pas de le traiter (conversations du présent auteur avec divers spécialistes du Paléolithique supérieur). Les plus courageux l'abordent dans des ouvrages de vulgarisation. D. de Sonneville-Bordes (1969, p. 177) parle, avec beaucoup de réticences et de réserves, de 200 000 à 300 000 personnes, par référence aux aborigènes australiens subactuels (estimation pour 1788 : 500 tribus et 300 000 "individus"). Mais F. Bordes (1968, p. 235) refuse ce type d'analogies : "On pourrait définir le monde paléolithique comme un désert humain fourmillant de gibier. Aujourd'hui, les zones où se sont réfugiées les dernières tribus de chasseurs-récolteurs ne peuvent que nous donner une idée fausse". Il évoque la rareté des influences entre cultures et indique pour le Magdalénien supérieur : "la population de la France ne devait guère excéder quelques dizaines de milliers d'individus, 50 000 au plus, mais elle était, semble-t-il, assez concentrée (...) Un homme pouvait sans doute vivre toute sa vie en ne rencontrant que très rarement un homme d'une autre tribu, surtout d'une autre culture (...)". La valeur 50 000 est fournie, probablement après documentation auprès de F. Bordes, comme estimation par Ambroise-Rendu (1967). J.N. Biraben (1988) n'indique pas la source de son estimation de 15 à 20 000, ce pourrait avoir été la même. Sans disposer d'aucune base de calcul à l'époque, mais connaissant admirablement le Paléolithique, F. Bordes aboutit à une appréciation remarquablement proche de celle qui va être exposée. Lors de la préparation, puis de la soutenance des "Derniers chasseurs", il n'a rien objecté à ces calculs, alors moins élaborés qu'ils ne le sont maintenant.

Le calcul des effectifs de population ne peut utiliser les capacités nutritives maximales des territoires, car là aussi les animaux sont éteints ou émigrés et nous en ignorons les densités. De la toundra, taïga ou steppe froide à la forêt tempérée la biomasse animale disponible augmente peu (mais augmente), les arbres mettant la plus grande part de la biomasse végétale hors de portée des animaux (Elton 1950, Rozoy 1978, p.1064-1065). Cela ne permet pas le calcul, mais nous disposons de deux bases indirectes : les effectifs pour l'Epipaléolithique ("Mésolithique") (Rozoy 1978 et ci-dessus), soit 50 000 à 75 000 personnes en France, et les études de démographie des populations : pas moins de 850 personnes pour un pool génétique, pour des raisons socio-biologiques (Newell et Constandse-Westermann 1986 b, p. 270). Ce dernier élément crée un impératif de sécurité qui explique le confinement dans des zones restreintes, une trop grande dispersion pouvant entraîner la disparition pure et simple du groupe. La bi- ou tri-partition entre 3 000 et 10 000 personnes est, elle, un fait social subactuel dont l'extension au Magdalénien pourrait prêter à discussion.

Si nous partons des tribus australiennes, bases de D. de S.B., en utilisant les surfaces, l'Australie compte 7 687 000 km2 (dont un bon tiers de déserts), l'oekoumène magdalénien 1 200 000, dont partie de glaciers, le rapport est de l'ordre de 5, ce qui sans autre correctif conduit à 60.000 habitants (et non 200 000 ou 300 000). En assimilant les groupes régionaux magdaléniens aux tribus australiennes, nous trouvons en Europe 14 tribus de 600 personnes, soit 8 400 personnes. Mais ces tribus australiennes sont réduites à cause de leur situation très marginale, à la limite de la disparition (Constandse-Westermann et Newell 1986 a, 1988) et il faut porter à 11 900 à 42 000 personnes en Europe (14 x 850 ou 14 x 3 000), la moyenne est vers 26 000, mais la réalité doit être plus près de 12 600 vus les effectifs des tribus américaines (moyenne à 897, Newell et Constandse-Westermann 1986 b). Rappelons toutefois l'opposition formelle et motivée de F. Bordes à ce type d'analogies.

Le calcul à partir de l'Epipaléolithique peut se fonder sur les nombres de sites des deux époques. Il y faut des correctifs qui n'étaient pas détaillés lors de sa première publication (Rozoy 1978, p.1105). Les surfaces disponibles sont analogues, les terres libérées par la baisse de la mer ne compensant qu'à peine l'expansion des glaciers et des bordures glaciaires à sols nus inhabitables. Les surfaces sont d'ailleurs augmentées de 30 à 40 % si le relief est très marqué, cas de la côte Nord de l'Espagne, un calcul trop précis n'aurait pas de sens. Les durées sont inégales : environ 1 300 ans pour le Magdalénien supérieur (Delpech 1989), le double pour les stades moyen et récent de l'Epipaléolithique (8 800 - 6 200 B.P.). Le nombre et la localisation des sites publiés des archers dépendent de la répartition des chercheurs, les cartes établies sur cette base (Cziesla 1991) le montrent. Nous ne disposons d'inventaires exhaustifs pour les archers que dans de rares et petites régions où ont été faites des recherches de terrain systématiques (Rahir 1903, Lequeux 1923, Delville 1978, Newell 1984, Gebauer 1990), ou des collationnements de publications. On trouve alors couramment un site des archers pour 5 ou 6 km2 (Kvamme et Jochim 1989 : 170 sites sur 940 km2). Au Magdalénien, mieux publié, un pour plus de 350 km2 occupés, et 1 400 km2 au total (près de 450 km2 occupés par site en dehors du Périgord ). D'où un correctif de 60 à 70 fois (en tablant sur les surfaces occupées), réduit à 30-35 fois en fonction des durées.

D'autres correctifs sont indispensables : à l'Epipaléolithique les sites sont plus petits, habituellement 100 à 500 outils (maximum estimé 50 000, les Hauts de Lutz à Beaugency), contre 1 000 à 5 000 (et plus) pour les sites magdaléniens (maximum estimé plus de 500 000, Gare de Couze). Soit un nouveau correctif de 10 fois ! Le rapport est ramené à 3 fois (et 12 fois pour les surfaces totales). Ce ne sont que des approximations très grossières. Les listes d'outils ne correspondent pas, nous comparons des ensembles à fonctions différentes. Les nombreux burins des lanceurs de sagaies servaient à façonner les pointes de traits, qui ne figurent pas dans l'inventaire, les burins ne sont pas assimilables aux armatures microlithiques des archers, beaucoup plus abondantes que les pointes de sagaies. Il faudrait comparer les outils domestiques, mais où placer les lamelles à bord abattu, éléments de couteaux complexes, ou tranchants latéraux de projectiles ?... On peut estimer à un rapport de l'ordre de deux à trois fois (aux détriments des archers) cette nouvelle correction. Ce qui nous amène à une sensible égalité pour les surfaces occupées, et à un rapport de 4 fois pour les surfaces totales. Pour une population épipaléolithique évaluée à 50 000 personnes en France (plus l'Ardenne belge), il y aurait donc eu 12 000 à 14 000 Magdaléniens supérieurs en France. Après ces approximations successives, on peut s'interroger sur la valeur des estimations. Mais le calcul à partir des surfaces occupées par les tribus australiennes tend à les conforter, et d'autres méthodes, aussi indépendantes, mènent au même résultat. Il faudrait être ignorant pour négliger l'importance de ces confirmations par critères externes. Il y a sans doute des retouches à apporter à chacun des trois systèmes, mais leur convergence exclut toute remise en cause d'ensemble.

Au regard de la dynamique des populations, le calcul précédent est-il compatible ? Oui, car, en tenant compte des nombres et richesses des sites des régions, il conduit à des effectifs des groupes régionaux variant de 1 000 à 3 000 personnes. C'est précisément ce qui découle à la fois des observations ethnographiques et des nécessités établies par les études de démographie des populations : pour des raisons génétiques et sociales combinées, une population ne peut se maintenir durablement, et surtout sur un large espace, si elle comprend moins de 850 personnes (Newell et Constandse-Westermann 1986 a, 1986 b, p. 270, 277-278, 284, 1988, p. 112, d'après Adams et Kazakoff). On observe par ailleurs dans les populations primitives subactuelles des bi- ou tri-partitions lorsque les groupes dépassent 3.000 personnes, bien qu'ils puissent aller jusque 10 000 (Newell et Constandse-Westermann 1986 a, 1986 b, p. 277). Seul le groupe du Périgord doit être estimé plus abondant : il faut tout d'abord en séparer, avec 50 sites, le Quercy qui présente des caractères distincts (Lorblanchet 1989). Même ainsi, le Périgord est encore sous-estimé, à cause du nombre de gisements et parce que ceux-ci sont beaucoup plus riches que ceux des autres régions. En outre, à peine la moitié des sites connus sont publiés (Cleyet-Merle 1992), alors qu'ailleurs il est fait état de tout. Il reviendra aux chercheurs régionaux de déterminer si l'on peut y reconnaître deux ou plusieurs entités.

Une autre remarquable confirmation par critères externes existe pour ces estimations qui avaient été publiées séparément (Rozoy 1978, p.1107, 1985-1988, 1986). Pour les Asturies, L. G. Straus (1986) a pu calculer la démographie maximale possible à partir de la capacité nutritive du territoire. Les Magdaléniens de cette région ont mangé surtout du cerf et du bouquetin, animaux subsistants dont les densités nous sont connues (à raison de 6 cerfs au km2, valeur voisine de la base de calcul de 4 cerfs, Rozoy 1978). L. G. Straus trouve pour l'Est des Asturies "8 ou 10 bandes de 25 personnes", soit 200 à 250 personnes pour 1 250 km2, c'est très analogue aux 2 000 à 2 500 personnes pour des territoires de 15 000 à 20 000 km2 prévus par le modèle ci-dessus. Que L. G. Straus table sur les classiques bandes de 25 personnes (calquées sur les "primitifs" subactuels relégués dans les déserts) ne change rien à l'estimation globale de la population. Un peuplement plus réduit pour le Bassin parisien est une hypothèse vraisemblable déduite du petit nombre de sites, et concordante avec une densité animale plus faible dans une zone plus froide.

Effectifs des groupes du Magdalénien supérieur en Europe
Espagne méditerranéenne 22 sites 2.000 personnes
Cantabres 63 - 2.500 -

>
Pyrénées 872 500
Périgord-Vienne (deux groupes) 104 - 4 500
Quercy 50 - 2 000
Massif central 63 - 1 500
Provence-Languedoc 23 - 1 000
Saône-Alpes 39 - 1 500
Pincevent-Ardenne 36 - 1 000
Suisse 23 - 1 000
Jura souabe 47 - 1 500
Bohème-Moravie 50 - 1 500
Thuringe 68 - 1 500
===== ======
Total 675 sites 24.000 personnes
Les disproportions apparentes entre les nombres de sites et les effectifs proposés pour certaines régions tiennent à la prise en compte approximative du climat, des richesses respectives des gisements et de l'état de la recherche. Comme dit, le Périgord pourrait être ici encore sous-estimé.

Il ne s'agit là que d'estimations grossières, de bases de discussion à peu près raisonnables. On sait que les "bandes" de chasseurs subactuels sont l'objet d'un flux perpétuel modifiant sans cesse leurs effectifs et leurs compositions (Turnbull 1968) De plus il y a réunion des groupes élémentaires à certaines saisons favorables (Turnbull 1961). Ces pratiques sont d'autant plus probables pour les populations préhistoriques menant un genre de vie analogue que la densité humaine plus faible y suppose un réseau de mariages plus large que la tribu dialectale, aboutissant à une seule population de reproduction constatée en Europe (références ci-dessus). Cela explique aussi la cohésion des groupes régionaux et la diffusion des inventions.

La différence entre le Magdalénien et l'Epipaléolithique apparaît essentiellement dans l'occupation totale et uniforme par les archers, opposée à une utilisation d'îlots dans un désert glacé pour les lanceurs de sagaies. Les groupes régionaux (dont on peut penser qu'ils correspondent à des bandes, Newell 1990, ou plutôt à des tribus, Rozoy 1991 a) paraissent avoir eu dans les deux époques non seulement les mêmes effectifs (ce qui répond à des lois génétiques et sociales communes), mais aussi les mêmes superficies d'action, de l'ordre de 10 000 à 30 000 km2 (le plus grand nombre de stations et de cultures étudiables pour les archers explique une meilleure précision des surfaces de chacune dans leur cas). Les densités de population étaient analogues dans les parties occupées, à cause des nécessités socio-génétiques évoquées ci-dessus, mais les archers avaient des voisins immédiats qui manquaient aux gens du propulseur, ils étaient donc beaucoup plus nombreux. Au total, la population avait fortement augmenté. Cela a constitué la base démographique sans laquelle la néolithisation serait incompréhensible, on sait en effet maintenant qu'elle s'est opérée principalement par acculturation et non par invasion.

Ce très fort accroissement du stock humain (4 à 5 fois plus) augmente fortement la probabilité d'apparition des esprits créateurs, il est donc un important facteur pour l'évolution sociologique, et ce d'autant plus que la vie faste menée par les archers laisse à l'invention tout le temps de se développer - ce ne sera plus le cas au Néolithique avec la journée de 12 à 15 heures : une vie plus confortable, avec des maisons, des temples, des réserves, cela se paye en temps de travail (surtout sans machines), comme en termes de hiérachie sociale. Mais ceci... est une autre histoire !

RESUME

Techniques de chasse et démographie sont deux éléments trop négligés dans la reconstitution de la vie préhistorique. Le propulseur, avec son manche, avait 50 à 90 cm de long et permettait de lancer efficacement à 20-30 m des sagaies de 2,50 à 3 m pesant 150 à 250 g. L'arc est la première machine conçue par l'homme, il lance à 50 m des flèches de 50 à 90 cm pesant 10 à 30 g et volant à 100 km/h. Il est plus précis que le propulseur et permet la chasse et la vie par petits groupes. Les archers épipaléolithiques ont occupé le territoire en entier et également, au contraire des Magdaléniens qui par sécurité utilisaient des îlots dispersés choisis pour la variété des biotopes accessibles. Les effectifs de population sont calculables pour les archers à partir de la capacité nutritive du territoire, on trouve 50 000 personnes en France à l'Atlantique. Un calcul en retour pour le Magdalénien supérieur se base sur les nombres et richesses des sites des deux périodes, on trouve 14 000 personnes en France, réparties en 6 groupes régionaux inégaux, et 24 000 en Europe, en 12 groupes. Des confirmations par critères externes rendent ces estimations très plausibles.

SUMMARY

Both hunting techniques and demography are too often neglected in the reconstruction of the Prehistoric way of life. Spearthrowers were 50 to 90 cm long, including their handles. They allowed hunters to be efficient when throwing spears 2,50 to 3 m long, 150 to 250 g in weight, as far as 20 to 30 m off. Bows were the first machines ever conceived by men; they could throw arrows 50 to 90 cm long, 10 to 30 g in weight, flying at a speed of 100 km an hour, as far as 50 m off. They were more precise than spearthrowers and allowed hunting and living in small groups. The Epipaleolithic bowmen occupied the whole ground equally; on the contrary the Magdalenians, for security reasons, used scattered islets, which were chosen for their varieties in the accessible biotopes. We can calculate the size of the bowmen population from the carrying capacity of the territories : we find 50,000 persons in France for the Atlantic period. A backwards calculation for the Upper Magdalenian is based on the numbers of the sites and the amounts of remains for both periods; we find 14,000 persons in France, forming 6 unequal regional groups, and 24,000 in Europe within 12 groups. These estimates are confirmed by external criteria which make them quite plausible.

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Annexe

Sites du Magdalénien supérieur en Europe (fig. 6) - Principales sources

Espagne méditerranéenne 18 sites Cacho, Magd.Eur. p. 459-473 et communic. personnelle.
Fullola Y Pericot, comm.personnelle.
Cantabres 63 - Gr.trav.Préh.cantabr., F.T.Gl.E.,p.713-732. Magd.Eur. (passim). Ripoll Perello, s.d.
Pyrénées 87 - Clottes, Pr. Fr.I/2, p.1214-1231, Clottes, Magd.Eur., p.281-360, Art. Cav. (passim), .
Périgord-Vienne (2 gr.) 104 - Sonneville-Bordes, F.T.Gl.E., p.444, Art. Cav. (passim),Pr. Fr. I/2 (passim), Lenoir, Magd.Eur., p.253-268,
Quercy 50 - Lorblanchet, Magd.Eur.,p.239-252, Art. Cav. (passim).
Massif central 63 - Delporte 1966, p.190 ,Vialet, T.Pr., p.320,
Daugas et Raynal, F.T.Gl.E., p.545-562,
Provence-Languedoc 23 - Bazile 1987, Pr. Fr.I/2 (passim).
Saône-Alpes 39 - Bintz et Desbrosse, F.T.Gl.E., p.239-255. David et Richard, Magd.Eur., p.101-158.
Pincevent-Ardenne 36 - Schmider 1971, 1988, Fagnart 1992, Otte 1984.
Suisse 23 Sedlmeier, comm.personnelle, thèse en cours.
Jura souabe 47 - Hahn, F.T.Gl.E., p.203-211, Albrecht, Magd. Eur., p.53-62.
Bohème-Moravie 50 - Vencl, F.T.Gl.E., p.847.
Thuringe 68 - Feustel, F.T.Gl.E., p.877-887.

Sites isolés :

1 : Bégrolles. 2 : Breil. 3 : Le Chaffaud. 4 : La Garenne à St Marcel. 5 : Vicq-Exemplet. 6 : Laitier Pilé St Palais. 7 : Saulges. 8 : Auvours. 9 : Gouy. 10 : Belloy. 11 :Verberie. 12 : St Mihiel. 13 : Farincourt. 14 : Orp. 15 : Kanne. 16 : Sweykhuizen. 17 : Andernach. 18 : Gönnersdorf. 19 : Wildweiberlei. 20 : Wildscheuer V. 21 : Burk. 24 : Munsingen. 25 : Bollschweil. 26 : Teufelsküche. 27 : Röthekopf. 28 : Champreveyres. 29 : Salève. 30 : Les Douattes. 31 : Grotte Cosquer. 32 : Casa da Moura. 33 :Lapo do Suâo.

L'auteur rend hommage à tous ses collègues, sans les travaux desquels cette étude n'aurait pas été possible, et il remercie tout particulièrement ceux qui lui ont transmis personnellement des documents parfois inédits. L'amélioration de cet inventaire ne pourra résulter que de la collaboration de tous les chercheurs intéressés.

LEGENDES DES ILLUSTRATIONS

Fig. 1 - Abattage de rennes à l'aide de propulseurs et de sagaies. Copyright CEDARC 1990.

Ce splendide dessin de Benoît Clarys reconstituant les Magdaléniens à la chasse a été conçu au sein d'une équipe (celle du CEDARC à Treignes) qui expérimente le propulseur avec une très grande efficacité. Il a servi de couverture au prétirage des actes du colloque Chasse organisé en 1990 à Treignes par Cl.Bellier et P.Cattelain dans le cadre de l'U.I.S.P.P. L'auteur remercie B. Clarys et P.Cattelain qui lui ont permis de le reproduire.

Que la pointe soit en bois de renne ou en silex, son calibre et son poids sont nécessairement en rapport avec ceux de la hampe. Au lancer, et parfois à l'arrivée, celle-ci subit du fait de sa longueur de très importantes contraintes (flexion) entraînant sa rupture si elle est trop mince.

Fig. 2 - La flèche de Loshult, d'après Petersson 1951, Malmer 1968.

La pointe à troncature oblique (3) est placée en tranchant latéral, en pointe figure une armature atypique (2) dérivée du triangle scalène. Les armatures de la seconde flèche de Loshult (4 et 5) ne sont pas plus typiques. On ne peut donc présumer le détail du montage des armatures d'après leur seule typologie, mais toutes les traces d'usage relevées proviennent de chocs longitudinaux.

Fig. 3 - Sites épipaléolithiques ("mésolithiques") de Souabe, d'après Kvamme et Jochim 1989.

Cette zone de 940 km2 à 20 km à l'Est de Stuttgart, dans le Bade-Württemberg, comporte pour les archers 170 sites publiés dans les "Fundberichte aus Schwaben". Il ne s'agit pas d'un examen systématique du terrain, qui en aurait probablement trouvé plus encore. Aucun site magdalénien n'est connu dans la région, mais de toutes façons les zones occupées par les Magdaléniens ne le sont jamais avec cette intensité (voir la carte, fig. 6)

Fig. 4 - Les limites du Tardenoisien-Nord.

Au stade ancien il mord sur l'Ardenne avec Roc-La-Tour II, au stade moyen c'est l'Ardennien qui mord sur le Bassin parisien avec Marlemont et d'autres éléments. La limite Nord-Ouest est sur l'Oise et la limite Sud-Ouest, sur la Seine. La limite Sud-Est n'est pas connue, faute de recherches dans cette région. La surface occupée peut être de 20 000 à 30 000 km2, mais celle du Tardenoisien-Sud est nettement plus restreinte, de l'ordre de 10 000 km2. Celles de l'Ardennien et du Limbourgien sont de l'ordre de 15 000 km2.

Fig. 5 - Sites magdaléniens aux diverses périodes de cette culture, d'après Bosselin et Djindjian 1988.

Les Badegouliens et les Magdaléniens inférieurs et moyens sont cantonnés dans le Sud-Ouest par suite du froid. Seul le Magdalénien supérieur (au sens de Breuil) est largement répandu en France et en Europe à partir de l'épisode de Bölling (la petite zone hachurée au Sud-Est n'est pas vide, mais occupée par d'autres cultures).

Fig. 6 - Le Magdalénien supérieur en Europe.

Cette carte a été établie principalement à partir des ouvrages suivants : La Préhistoire Française, La fin des Temps glaciaires en Europe, L'Art des cavernes et Le Magdalénien en Europe, et grâce à l'aide de divers collègues français et étrangers. La date de parution du Peuplement Magdalénien (colloque de Chancelade) n'a pas permis de l'utiliser pour cet article, mais les gisements nouveaux sont peu nombreux. Seuls les sites certains ont été retenus. Pour les zones occupées on a indiqué le nombre de sites reconnus pour le Bölling et le Dryas II. Pour les zones visitées chaque site est figuré par un point. L'opposition entre les zones occupées et visitées est flagrante. Justificatifs en annexe de la bibliographie.

Fig. 7 - Répartition inégale à l'intérieur des régions : Allemagne du Sud, d'après Hahn (1979), complété.

Comme dans la carte d'ensemble, il y a des zones de concentration et d'autres plus clairsemées, dont certaines nous paraissent avoir été aussi habitables que celles qui ont été utilisées.

Fig. 8 - Répartition inégale à l'intérieur des régions : Charente, d'après Debenath (1976)

Nette disparité entre les occupations de l'Aurignacien et du Solutréen, l'une s'étendant plus à l'Ouest, l'autre utilisant au Nord-Est la rive droite de la Tardoire ignorée précédemment. Le vide environnant est particulièrement sensible. Les deux sites du Magdalénien supérieur (Montgaudier et la Chaire-à-Calvin), tout-à-fait à la périphérie du Périgord magdalénien pour cette période, ont pâle mine au vu des "importantes" occupations aurignacienne et solutréenne (14 et 14 stations). Le Chaffaud, tout au Nord-Est, est un site isolé à 50 km des autres et à 40 km de Lussac et du groupe Vienne-Anglin. Mais il n'est pas sûr qu'il soit contemporain.

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Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

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