Des concours internationaux d'armes préhistoriques sont organisés à Monrepos (Neuwied, Allemagne) par U. Stodiek, à Treignes et à Ramioul (Belgique) par P. Cattelain et par F. Collin, et à Samara par M. Donnadieu (fig, 1). Il s'est ainsi formé une trentaine d'expérimentateurs de 6 nationalités, de talents divers, isolés ou en équipes, qui ont fabriqué eux-mêmes leurs engins avec des matériaux dont les Préhistoriques auraient pu disposer. Bien plus que de gagner la compétition, tous ont la volonté de retrouver les gestes et les techniques de nos ancêtres et de mieux comprendre leur vie (Cattelain 1986 à 1992, Rozoy 1992, Stodiek 1988, 1992). C'est d'ailleurs indispensable pour comparer les chasses des différentes époques (Rozoy 1985, 1992) comme pour comprendre leur démographie et leur répartition spatiale (Rozoy 1988, 1989). Nombre de points importants sont déjà acquis, ainsi la plus grande efficacité des sagaies longues : nous sommes passés rapidement de 2m à 2,40, puis à 2,60 et 2,70 m et on envisage des sagaies de 3 m (qui seront difficiles à transporter dans les voitures). A chaque réunion les rivaux, qui sont surtout des amis, comparent leurs matériels et échangent des recettes de fabrication. Au contraire du cas de l'arc, où le problème est surtout dans l'engin de lancer, nos discussions portent plutôt sur les sagaies, les propulseurs ne paraissant pas poser beaucoup de problèmes, que le crochet soit taillé dans la masse du bois ou ajouté, en os ou en bois de renne, les résultats et la durée paraissent équivalents.
Fig. 2. Le crochet du propulseur (photo C. Rozoy). Il mesure 6 mm et il est fortement poli par l'usage. Les stigmates constatés sur les crochets en bois de renne expérimentés par U. Stodiek et par P. Cattelain sont exactement semblables à ceux présents sur les exemplaires magdaléniens.
Notre expérience nous documente déjà sur la vie quotidienne des chasseurs magdaléniens. Après quelques semaines sans activités de lancer, les premiers jets effectués sont peu satisfaisants. Il faut «s'y remettre». Nous pensons tous que les Préhistoriques s'entraînaient à peu près tous les jours, et qu'ils faisaient, eux aussi, des concours. Et que, comme nous, ils cassaient des sagaies et abîmaient des empennages et des pointes, qu'il fallait donc réparer. Entraînement et entretien du matériel (d'ailleurs attestés chez les primitifs subactuels) étaient certainement des activités quotidiennes, occupant au moins une heure sinon plus. Les technologies du propulseur et de la sagaie nous deviennent peu à peu familières, mais il reste certainement beaucoup à découvrir ou à préciser.
J'utilise un propulseur en bois de noisetier coupé vert
et écorcé. Il est rectiligne et mesure 85 cm hors
tout (dont 3cm au-delà du crochet), pour un diamètre
de 25 mm (22 mm à l'extrémité proximale)
qui est juste suffisant pour la taille de ma main. Il est allégé
sur une longueur de 39 cm, entre la poignée et le crochet,
le ramenant là à une section ovale de 16 x 18 mm.
Il pèse 160 g, c'est-à-dire le même poids
que les sagaies qu'il sert à lancer.
Le crochet est taillé dans la masse du bois, il est conique
et se continue par un massif comportant toute l'épaisseur
de la tige, ce qui assure sa solidité. Le crochet lui-même
dépasse de 6 mm, c'est suffisant pour bien maîtriser
le talon des sagaies, il mesure 7 x 6 mm à sa base. Son
axe est incliné de 20 degrés sur celui de la hampe
(fig. 2). La confection de cet outil a pris trois heures avec
un couteau «Opinel», mais il semble qu'avec du silex
bien manié cela n'aurait pas été beaucoup
plus long. Ce délai est minime en regard du temps passé
à fabriquer et réparer les sagaies. L'engin a déjà
assuré plus de 10 000 lancers de sagaies et ne présente
aucune trace de fatigue, il pourrait n'être pas au dixième
de ses possibilités.
Fig. 3. Le lancer à 30 m (photo C. Rozoy).
A cause d'une puissance musculaire modeste l'auteur est obligé
à 30 m de lancer à 45°, ce qui rend l'appréciation
de la distance et de la direction plus difficile. Plus athlétiques,
P. Cattelain ou P. Chauveau ne mettent à cette distance
qu'une hausse d'environ 15°, c'est l'un des facteurs d'efficacité.
Pour les lancers à 10 et 20 m, je saisis le propulseur à 60 cm du crochet, la distance de celui-ci au pivot (le petit doigt) est de 63 cm et il n'y a pas de problème pour couvrir la distance, c'est uniquement une question de précision. Mais pour le lancer à 30 m ma force est insuffisante, d'où au début des difficultés importantes, souvent les sagaies tombaient à 3 ou 5 m devant la cible, ou bien il fallait déployer une énergie tout-à-fait à la limite de mes capacités, mais alors la direction s'en ressentait fortement. La qualité de la sagaie n'intervenait plus, et les résultats globaux étaient très médiocres quel que soit le modèle employé. Cela explique les chiffres constatés les 6.9 et 7.9 (tableau1). La parade a consisté à saisir le propulseur plus loin du crochet et la distance au pivot est alors passée à 75 cm. Dans un premier temps, les 8.9 et 9.9, une adaptation a été nécessaire, car les caractères du tir sont modifiés, l'équilibre du jet n'est pas le même, le coup de poignet final est donné trop tôt ou trop tard ou trop brusquement, parfois le talon de la sagaie est au dernier moment propulsé vers le bas, d'où une chandelle courte, etc. Le problème de la distance ne se posait plus, mais la direction était plus difficile à contrôler. Il fallait s'adapter. Au bout de quelques jours ce contrôle fut acquis, et les scores devinrent plus honorables. Ils furent aussi très dissociés, la supériorité des sagaies «type CEDARC» devenant évidente, malgré quelques mauvaises séries, ainsi le 16.9. Les résultats à 20 m étant à peine meilleurs qu'à 30 m (29,4 % contre 28 %), on pourrait discuter une saisie du propulseur plus loin, aussi pour le 20 m.
La puissance musculaire du tireur intervient nettement,
surtout à 20 et 30 m. Elle permet un tir plus tendu qui
est plus précis. Lors des concours, la différence
des positions d'envoi à ces distances est patente entre,
par exemple, Pascal Chauveau ou Pierre Cattelain d'une part, qui
sont des athlètes de grande taille et très entraînés,
et moi-même ou Barbara Szoch dont la puissance musculaire
est plus réduite. Barbara ou moi devons prévoir
beaucoup de hausse : la sagaie part à 45 degrés
(fig. 3, fig. 4). Il est évidemment plus difficile de contrôler
la distance et même la direction dans ces conditions. Pascal
ou Pierre mettent à peine un peu de hausse, 10 à
15 degrés environ (il faudra mesurer sur photos). La seconde
de l'année (sur cinq concours) a été Sonia
Souvenir, d'assez petite taille, mais elle a des muscles remarquables
pour son sexe. Il est hors de doute que la puissance musculaire
était au Magdalénien un élément important
de succès à la chasse, et donc de prestige pour
le chasseur.
Pour les concours de tir en longueur, maintenant supprimés,
je prenais le propulseur au bout, la distance au pivot était
de 80 cm. J'ai ainsi réalisé 56,6 m au dernier concours
en longueur (et ma sagaie était dans l'axe), me classant
8° sur 31 : ce qui relativise un peu l'importance de la puissance
musculaire.
La forme physique du tireur est un facteur évident,
au moins pour certains d'entre eux.
Fatigue, manque de sommeil, ventre creux. ou trop garni, forte
consommation de bière pendant le concours, etc., sont autant
de facteurs de minoration des performances. Il y a des jours,
des heures fastes, et d'autres qui le sont moins. On en prendra
la mesure sur les tableaux ci-après : le nombre de succès
dans des conditions apparemment semblables xarie dans de fortes
proportions, parfois du simple au double et même plus. C'est
pourquoi toute étude comparative doit comprendre un nombre
important de lancers, dont on fera la moyenne. Les sagaies de
deux modèles doivent aussi être lancées dans
les mêmes conditions, c'est-à-dire qu'il est exclu
de comparer 100 lancers de sagaies de type A, faits le matin,
avec 100 lancers de sagaies de type B, faits l'aprèsmidi
: le même tireur peut très bien n'être plus
dans la même forme (ou méforme). La maladresse inhabituelle
peut porter électivement sur un type de sagaie, qui le
lendemain sera au contraire le mieux utilisé (voir au tableau
9 les résultats du 22.10.92). Ce facteur humain ne peut
être pris en compte dans les expériences (moins fatigantes)
utilisant une machine pour le lancer.
Le parcours des sagaies est une trajectoire balistique qui dépend de l'angle de lancer, de la force de l'impulsion de départ, de la pesanteur, un peu de la résistance de l'air, et éventuellement du vent. Lors des lancers à 10 m la trajectoire est toujours très tendue ; pour moi la hausse est de l'ordre de 10°, pour les lanceurs athlétiques elle est pratiquement nulle et la trajectoire est assimilable à un segment de droite. Mais à 20 et 30 m tous doivent mettre de la hausse et le tir est donc plus ou moins courbe. En l'absence de vent, le projectile reste dans le plan vertical du lancer, l'empennage (dont les plumes sont courbes transversalement) le fait tourner sur lui-même, ce qui assure la stabilisation par gyroscopie. Une déviation répétée non due au vent décèle nécessairement un grave défaut de construction, tenant à l'empennage (les empennages à deux plumes dévient fréquemment, il en faut trois). Une sagaie bien équilibrée vole toujours selon une tangente à sa trajectoire (fig. 4, en traits pleins). Les sagaies mal équilibrées peuvent en fin de parcours maintenir l'orientation acquise au point haut, ce qui est rarement favorable (fig. 4, en pointillés). Ce défaut, variable dans ses effets, peut tenir à une pointe trop légère (moins de 10 g), à une hampe irrégulière en poids, ou à un empennage insuffisant. On le constate en particulier avec des empennages momentanément abîmés par la pluie (plumes collées par l'eau) ou de façon plus durable (plumes rongées par les moisissures). D'où l'intérêt des empennages très importants qui resteront plus longtemps en état (mais ils ralentissent la sagaie et nécessitent donc un tir plus puissant). D'après mon expérience, le strict minimum indispensable pour assurer un vol correct est une voilure de 75 cm2 (trois plumes de 12 x 2 cm). Mais 100 cm2 valent mieux, et les empennages «type CEDARC» de 160 cm2 (3 plumes de 18 x 3 cm) sont certainement meilleurs, car ils restent efficaces par temps de pluie, ils peuvent en outre compenser un défaut d'équilibration dû à la hampe de l'arme ou à une insuffisance de la pointe.
Fig. 4. La trajectoire à 30 m.
En traits pleins : positions successives d'une sagaie bien équilibrée.
En pointillés : celles d'une sagaie mal équilibrée.
La présence d'un grand arbre et l'emploi d'enregistrements
vidéo ont facilité la reconstitution de cette trajectoire.
L'angle de départ est de 45°, l'angle d'arrivée
est de 40°. Cet angle a dû être saisi sur enregistrements,
car la sagaie une fois plantée baisse du fait de son poids,
si l'on mesure on trouve 23 à 28°, ce qui est incompatible
avec le passage sous la branche à 6,20 m. On conçoit
que la précision de ce tir courbe soit moins facilement
obtenue qu'en cas de tir plus tendu.
Par temps de pluie le poids des sagaies augmente de 8 à 10 g, c'est très notable, encore ne les ai-je jamais laissées se tremper complètement. Les plumes sont collées et beaucoup moins efficaces. Le 29.10.92, la voilure des sagaies Rl et R5 (les plus vieilles) et R9 était ainsi réduite de moitié à environ 33 cm2 (11 x 1 x 3) et celle de R7 et R8 d'un tiers à 50 ou 60 cm2. On passait en-dessous de la limite minimale d'efficacité. Sur 50 lancers à 30 m (12 de chaque, plus 2), seules R7 et R8 étaient allées dans la cible (6 impacts en tout), le vol des autres était plus ou moins aberrant (fig.4). La voilure des sagaies «type CEDARC» avait proportionnellement moins souffert, elle atteignait encore 135 cm2 et il y avait eu 9 impacts dans la cible sur 50 lancers. Par la suite, les plumes qui ont été mouillées se réduisent rapidement, probablement rongées par des microorganismes favorisés par l'eau, et le vol s'en ressent. Il y a donc tout intérêt à ne pas laisser mouiller les sagaies. La réduction par moisissures est plus rapide et plus intense sur les plumes d'oie que sur les plumes de dinde, peut-être parce que ces dernières prennent moins l'eau. La qualité des plumes joue donc un rôle dans la pérennité et l'efficacité des empennages. On réduirait peut-être les effets de la pluie en graissant les plumes. De plus, la pluie, ou simplement l'humidité, détendent le boyau des ligatures et elles se dénouent quand on les retire de la cible, les raccords des allonges sont moins bien contenus, d'où 10 bris (sur 700 lancers) pendant la période de pluie (du 23 au 29.10). On pourrait protéger les ligatures par de la cire.
Je suis parti d'un fémur de boeuf; un tibia eût été plus long et plus droit.
1. Scier les deux épiphyses (scie à métaux à main) : 90 minutes.
2. La diaphyse est en diabolo. La scier en long : 30 minutes. Usage d'un étau. J'obtiens une base de prélèvements dont l'épaisseur n'atteint pas partout 10 mm, je ne pourrai donc faire de vraies copies des sagaies magdaléniennes dont les sections rondes ont des diamètres de 10 à 13 mm, mais des sagaies partiellement plates.
3. Scier le long d'une tranche une baguette de 1cm de large : 25 minutes. (en dedans la baguette n'a que 6 mm de large ! le second essai sera meilleur).
4. Scier la baguette en biais pour obtenir 2 parties à
peu près droites : 15 minutes.
5. Scier à nouveau : la base en biseau, le bout en pointe
(étau).
6. User les 2 pièces sur un bloc de grès pour obtenir la forme exacte (le plus long).
7. Faire les rainures des surfaces à assembler avec la scie à métaux.
Fig. 5. Pointes de sagaies neuves (photo C. Rozoy).
Ces pièces sont analogues (quoique non identiques) aux
plus petits exemplaires connus dans le Magdalénien, elles
pèsent de 7 à 20 g. La plupart des sagaies magdaléniennes
étaient donc armées de pointes nettement plus lourdes,
ce qui assurait une équilibration toute particulière
et sans doute très favorable. Les expérimentations
à venir auront à tenir compte de cet élément.
Il semble que 15 à 20 g soit un minimum pour équilibrer
la sagaie et les pointes à cran solutréennes de
4 g (Plisson et Geneste 1986) ou les pointes aziliennes de 1 à
2 g (Rozoy 1978) seraient donc exclues de cet emploi.
Fig. 6. Les pointes en os après 300 tirs (photo
C. Rozoy).
Ces exemplaires, faits aux dépens du même fémur
de boeuf, étaient initialement très semblables à
ceux de la fig. 5. L'entraînement intensif nécessité
par l'expérimentation a provoqué un émoussement
considérable, mais les trois pièces de gauche ont
pu être aiguisées en place avec un petit bloc de
grès.
Dans l'état représenté ici, elles rebondissaient
sur la cible une fois sur trois environ, sinon elles pénétraient
bien moins qu'à l'état neuf. J'aurais dû les
appointer depuis longtemps. Celle de droite, après 265
tirs, a percuté un bac en pierre de plein fouet et a été
très fragmentée (il manque beaucoup de morceaux),
il faudra la remplacer. Mais cela a été le seul
bris sur 3 950 tirs avec pointes Comme il n'y a pas à douter
de l'entraînement au Paléolithique, cela permet de
percevoir l'importance et la variété des travaux
d'entretien que les chasseurs ont dû assurer. Il est possible
que l'entraînement se soit fait avec des sagaies usagées
et que l'on en ait pris de neuves pour la chasse, mais les pointes
de sagaies trouvées dans les couches, qui sont plus longues
et de section plus ronde, ne sont jamais, d'après les publications,
émoussées à ce point ni même de façon
perceptible. Elles sont souvent cassées au bout, sans qu'on
sache déterminer si c'était avant ou après
enfouissement.
La figure 5 montre d'autres sagaies fabriquées ensuite à partir du même fémur de boeuf pour armer les sagaies Rozoy. Elles sont tout-à fait analogues à celles qui étaient déjà montées sur les sagaies Maxence lorsque les photos ont été prises. Beaucoup plus légères que la plupart des pointes de sagaies magdaléniennes, elles sont bien plus lourdes que les copies de pointes à cran solutréennes en silex expérimentées par H. Plisson et J.M. Geneste (1986, 1989, 1990) qui pèsent environ 4 g.
Le 17.9, les stades 3 à 7, plus le montage sur les
2 sagaies, ont pris 3 heures et demie, la colle de résine
étant prête et le boyau lavé présent
en réserve. Il a donc fallu près de deux heures
par pointe en os, en partant d'un os déjà préparé,
en utilisant une scie à métaux et un étau.
Compter au moins 4 heures de travail par pointe pour un Madgalénien
travaillant au silex (M. Séronie-Vivien, que je remercie,
m'a dit avoir mis une journée pour en faire une au silex).
Mais les quatre premières pointes faites ont déjà
subi plus de 600 lancers (la plupart finissant dans un sol moyennement
caillouteux) sans autre dommage qu'un émoussement (fig.
6) facilement réparable en aiguisant la pointe avec un
petit bloc de grès.
Un grès de 11 x 9 x 4 cm pesant 860 g s'est avéré
très maniable et efficace, il faut 1/4 h pour réaiguiser
une pointe fortement arrondie. J'ai compté un seul bris
de pointe sur 3 950 lancers (mais ma cible n'avait pas d'os).
Le 21.10.92, le montage des pointes sur les 5 sagaies R m'a pris
3 heures et demie, y compris le réaffûtage des 4
pointes des sagaies M. La pointe de M3, où j'avais laissé
un angle trop net, avait presque entièrement coupé
sa ligature, qu'il a fallu refaire. Un tel ennui (pouvant conduire
à la perte de la pointe ou, pire, du gibier) ne risquait
guère d'arriver avec les sagaies magdaléniennes
parfaitement rondes. On comprend aussi l'intérêt
des sagaies longues retrouvées dans les couches : on pouvait
les réappointer plus souvent, et on n'y manquait sans doute
pas car les fouilleurs ne signalent pas de pointes de sagaies
émoussées, si peu que ce fût. Il faudrait
aussi expérimenter pour savoir si le gel modifie les propriétés
de l'os et comment. Les difficultés qu'on éprouve
à sortir les sagaies avec pointes de la cible (et parfois
la pointe y reste perdue) montrent encore que la ligature de
la pointe joue un rôle de contention analogue à celui
de barbelures.
Les résultats inégaux obtenus par les concurrents tiennent-ils à leur force musculaire, à leur adresse ou à leurs matériels, et dans quelle mesure ? Des expérimentations systématiques sont nécessaires, où l'on fera varier les facteurs isolément, à toutes choses égales d'ailleurs. F. Collin en a pris l'initiative au sein du C.E.T.R.E.P., dans le temps même où j'entreprenais ma propre étude. Les résultats ci-après pourront servir de base de départ pour l'étude à mener avec le C.E.T.R.E.P.
La plupart des sagaies utilisées dans nos concours sont faites avec des tourillons des magasins de bricolage. On pourrait obtenir un résultat équivalent avec une branche bien droite et un silex, mais on gagne ainsi beaucoup de temps. Il faudrait d'ailleurs établir combien de temps cela prend avec le silex. Faute de tourillons assez longs dans les magasins à ma portée, je me suis d'abord contenté de sagaies de 2,10 à 2,20 m, diamètres 11,5 à 14 mm. (Les diamètres de 12 mm et au-dessous cassent souvent, au milieu, soit au lancer, soit à l'impact). Puis les sagaies furent allongées au talon en raccordant deux fragments : coupe en biais (strict minimum 5 cm, si le biais est plus court cela casse ou décroche vite), collage avec un mélange de résine (récoltée) et de cire d'abeille (achetée), ligature (fig. 7) avec du boyau de mouton (acheté aux fournisseurs des charcutiers). D'où des sagaies de 2,40 m, mais dans le même temps Pierre Cattelain et son équipe étaient passés à 2,70 m. Mes empennages en «plumes d'lndien» des magasins (des plumes d'oie teintes, courbes et raides) sont assez tordus. Copiant (à tort) la brièveté des empennages des flèches utilisées par les archers (modernes ou anciens), mes plumes d'oie avaient été montées plus brèves que les splendides plumes de dinde, bien rectilignes et beaucoup plus souples, du CEDARC. Et je n'avais pas mis de pointes en os ou silex, le bout de la hampe était simplement taillé en pointe ou passé au feu. Les résultats n'étaient franchement pas bons.
Fig. 7. Les empennages et les raccords (photo C. Rozoy).
Les empennages «type CEDARC» (à gauche) sont
plus longs et plus larges que ceux de droite, ils sont aussi mieux
jointifs à la hampe. Les talons ont dû être
consolidés par des ligatures collées, ils commençaient
à se fendre. Ces réparations ont donné toute
satisfaction et ont résisté à plusieurs centaines
de lancers. Les deux sagaies de droite ont été allongées
par collage et ligature, sans que cela influe notablement sur
l'équilibration. Si le biais de collage est assez long
(plus de 5 cm), le boyau bien serré, et demeurant sec, cela
tient aussi très longtemps : même par temps de pluie,
il n'y a eu que 10 bris sur 700 lancers.
J'entrepris une expérimentation comparative après
le concours du 5.9.1992 à Monrepos.
Alain Maxence, technicien du CEDARC, me donna, à la demande
de Pierre Cattelain, 4 sagaies de 2,55 m avec des empennages «type
CEDARC», mais sans pointes. Je devais faire et monter celles-ci
moi-même. Des facteurs (relativement) constants, mais en
tous cas égaux vis-à-vis des deux sortes de sagaies,
étaient ma puissance musculaire très moyenne (et
j'ai 70 ans) et mon habileté, elle aussi moyenne, pour
ne pas dire médiocre. Je disposais de quatre sagaies Maxence
de 255 cm, diamètres 12,5 mm, pesant de 142 à 172
g, avec des empennages longs de 18 cm et larges de 3, rectilignes
et bien collés, et de six sagaies Rozoy assez hétérogènes,
longues de 235 à 249 cm, pesant de 155 à 170 g, à
empennages longs de 9 à 12 cm, larges de 2 cm, un peu courbes
et se décollant assez vite. Il y avait donc trois différences
: la longueur totale des sagaies, l'empennage (fig. 7), et les
allonges proximales (à 30 cm du talon) des sagaies Rozoy,
les sagaies Maxence étant d'une seule pièce. Je
fis des séries de 48 lancers de chaque sorte de sagaies
à chacune des trois distances de 10 m, 20 m et 30 m, soit
288 lancers par jour. Par suite de détériorations
de sagaies, quelques variations amenèrent à des
séries de 50 au lieu de 48. Les tableaux 1 et 2 indiquent
les résultats de cette première séquence.
On a compté seulement les sagaies placées dans les
cibles (diamètres 50 cm, 1m et 1,50 m selon la distance),
sans relever les points, qui sont en moyenne de 2 points par sagaie
dans la cible.
La disparité des résultats est manifeste, atteignant le double pour la distance de 20m ! Restait à en savoir la source exacte parmi les trois différences relevées. Pour tester ensuite la longueur de la sagaie, quatre des sagaies Rozoy furent allongées par adjonction, cette fois à la pointe, de segments de hampes pour obtenir la même longueur que les sagaies Maxence. Un tourillon d'un bois plus dense (erreur d'achat, la longueur de 2 m pesait près de 200 g) fut choisi à cette fin. Cela rééquilibrait les sagaies (voir plus loin la discussion au sujet de l'équilibration). Deux sagaies, initialement les plus longues, et qui paraissaient les meilleures, furent laissées à 248 cm. Les mêmes tirs comparatifs que précédemment furent exécutés avec ces sagaies allongées et les sagaies Maxence, toujours les unes et les autres sans pointes d'os ou de silex. Les tableaux 3 et 4 en fournissent les données.
Ici aussi, les résultats sont manifestes : l'allongement
des sagaies Rozoy (avec rééquilibration) a compensé
une part de la différence antérieure. La prime
des sagaies Maxence demeure, elle passe à 10 m de un tiers
en mieux (25 sur 79) à moins du sixième (17 sur
105). A 20 m la prime. est de plus du tiers (25 sur 61) au lieu
du double (39/81). A 30 m la prime reste voisine de la moitié
en plus (25 sur 48 et 29 sur 65). Au total, on passe pour les
sagaies Rozoy de 166 réussites sur 774 tirs (21%) à
231 sur 916 (25 %), tandis qu'avec les sagaies Maxence le même
tireur obtient 33 % (258 sur 774 et 302 sur 916). Les différences
subsistantes sont la longueur de l'empennage et les allonges des
sagaies Rozoy. Mais ce dernier point ne paraît pas influer,
les raccords sont solides (tout au moins ceux qui ont résisté)
et ne jouent pas s'ils sont secs, les ligatures sont minces, légères
et lisses et (sauf une) ne déséquilibrent pas l'ensemble,
comme on en jugera par l'étude des centres de gravité.
Les longueurs totales n'interviennent que de façon modérée
(de 21 % à 25 %), et donc l'essentiel de l'avantage (succès
33 % contre 25 %) semblait tenir à la longueur et à
la largeur des empennages. En fait, il provenait de la rééquilibration,
comme on va le voir.
Le centre de gravité de la sagaie devrait être
un peu en avant de son milieu. Tous le disent. Il semble que
certains expérimentateurs s'en soucient assez peu. Mais
F. Collin et le CETREP utilisent des sagaies plus épaisses
vers la pointe, avec de bons résultats. Le tableau 5 indique
les longueurs et les poids des sagaies du début de mon
expérimentation dans leurs états successifs et les
distances des centres de gravité aux milieux (en mm) :
+ signifiant vers la pointe et - vers le talon.
Il semble que l'importance de l'empennage permette de corriger
le déséquilibre, au moins partiellement. La
disparité dans l'équilibration des sagaies Maxence
avant la pose de pointes est manifeste et n'a pas empêché
des résultats corrects, il n'a alors pas été
remarqué de différences notables d'efficacité
entre les trois sagaies les plus lourdes Ml, M3 et M4, dont pourtant
les caractéristiques sont opposées. La sagaie Ml,
alors équilibrée au milieu, et qui, en outre, présente
une forte courbure (flèche de 8 cm pour une longueur de
255 cm), volait plus loin et plus haut que les trois autres, il
fallait lui donner nettement moins de hausse, à ce prix
elle allait au but aussi souvent que ses semblables. Bien entendu,
la différence était plus sensible à 20 m
et surtout à 30. On l'avait attribuée à la
légèreté, qui en fait aurait dû jouer
aussi pour la Ml (150 g contre 142), ce n'était pas le
cas. On verra plus loin que la cause était toute autre.
Pour les sagaies Rozoy, leur allongement ayant aussi réalisé
une rééquilibration, on doit se demander lequel
des deux facteurs a joué le plus dans l'amélioration
(modeste) des résultats. Les deux sagaies R5 et R6 non
allongées sont équilibrées très différemment.
Or la sagaie R5, dont le centre de gravité est en avant
du milieu, a foumi d'excellents résultats, et la R6 d'exécrables,
surtout à 20 ou 30 m. Mauvais résultats aussi avec
la R4, non à cause de son poids excessif comme on l'avait
d'abord pensé, mais en raison de son centre de gravité
en arrière, dû à des ligatures trop importantes
pour une réparation proximale et pour la première
allonge, aussi près du talon. Le point de vue classique
serait donc fondé, mais assez largement compensé
par l'empennage long et large. Des expérimentations plus
approfondies, avec des lots de sagaies homogènes et opposés,
sont nécessaires pour établir correctement le rôle
de ce type d'équilibration qui conceme surtout la densité
(variable) du bois sur toute la longueur de la sagaie.
La présence d'une pointe en os ou en silex est un autre facteur d'équilibre qu'il faut tester séparément. Après environ 500 lancers à chaque distance avec les sagaies des deux types sans pointes, qu'il a fallu retailler de temps à autre pour ne pas trop abîmer la cible, les sagaies d'A. Maxence ont été munies les 16 et 17.9. de pointes en os. Cela modifie beaucoup l'équilibre. Deux pointes, longues de 7 et 8 cm, donc comparables aux plus petites attestées au Magdalénien, pesaient chacune moins de 10 g. Elles furent montées sur les sagaies de 172 g qui, avec la résine et le boyau, passèrent ainsi à 180 et 187 g, compte tenu aussi pour l'une d'une ligature au talon, qui commençait à s'abîmer. Deux autres pointes plus réussies, de 10 cm, donc analogues aux pointes de sagaies sous-moyennes du Magdalénien, pesant chacune 15 g, furent fixées sur les sagaies de 142 et 150 g, qui furent portées à 165 et 172 g, compte tenu aussi d'une ligature sur l'empennage de la sagaie de 142 g (plume cassée au milieu). Les équilibrations s'ajustaient maintenant (tableau 5) plus en avant, ou moins en arrière, la sagaie M3 ayant toujours son centre de gravité fort en arrière du milieu. La surprise vint de Ml : sa tendance précédente à voler plus haut et plus loin avait totalement disparu; bien qu'elle soit demeurée la plus légère des quatre, il lui fallait maintenant autant et plus de hausse qu'aux autres, sinon elle tombait devant la cible. Déjà perceptible lors du lancer à 10 m, avec peu de hausse, ce caractère devint évident à 20 m et plus encore à 30 m. Dans quelle mesure la courbure très prononcée de cette arme intervenait-elle précédemment ? Il faudra la redresser (même sans «bâton de commandement») pour éliminer ou confirmer ce facteur. Mais il semble bien que la présence d'un poids important massé à l'avant modifie la trajectoire d'une façon différente de l'effet d'un déséquilibre réparti sur toute la longueur du fût (puisqu'un tel déséquilibre était le cas dès le début de M4, qui n'a pas manifesté un tel phénomène).
Il faut avoir un lot homogène de sagaies si l'on veut obtenir de bons résultats : c'est sans doute plus important que de choisir telle ou telle variété. Le tireur s'adapte à ses sagaies, il lui est plus difficile de changer les caractéristiques de son tir pour s'adapter à mesure aux défauts différents d'un lot hétérogène.
Une comparaison entre les quatre sagaies Maxence, maintenant munies de pointes, et deux sagaies Rozoy sans pointes, mais allongées et choisies pour leur bonne équilibration globale, fut reprise le 7.10.1992 après deux semaines de repos consacrées à d'autres activités urgentes. Il s'agissait des sagaies Rl (réparée et modifiée) et R5 (v. tableau 5). Les tableaux 6 et 7 indiquent les résultats des diverses séances, comportant toutes 48 lancers pour les sagaies Maxence et 24 pour les sagaies Rozoy. A travers les importantes inégalités d'un jour à l'autre, dont il a été traité par ailleurs, apparaissent deux résultats importants : d'une part, la pose de pointes sur les sagaies Maxence a permis d'améliorer de façon marquée les résultats obtenus avec ces projectiles : on passe globalement de 33 à presque 40 %. D'autre part, le choix de sagaies Rozoy allongées et mieux équilibrées, quoique toujours sans pointes, permet un bond important, de 25 à 34 % ! C'est-à-dire que, avec ces sagaies à empennage court, sans pointes, on atteint le niveau réalisé précédemment avec les sagaies Maxence sans pointes. La différence ne tenait donc pas à l'empennage, mais à l'équilibration. Toutefois, la sagaie M3 était mal équilibrée, et la longueur de l'empennage compensait ce défaut. Les sagaies Maxence conservent provisoirement une prime nette, mais bien moindre qu'auparavant, de l'ordre de un sixième (39,6 % contre 34 %). Cette prime est due à la présence des pointes. L'étape suivante va être de comparer les deux lots munis de pointes, les seules différences demeurant les empennages et les allonges, celles-ci présumées non nocives.
La comparaison des deux lots de sagaies avec pointes en os nécessitait leur correcte équilibration. On avait déjà éliminé les sagaies qui volaient mal : R4 et R6 à équilibrations rétrogrades, R1 à empennage insuffisant, et R3 cassée. De nouvelles sagaies R7, R8 et R9 furent donc fabriquées, ou parfois reconstruites à partir de vieux débris. Toutes les sagaies R comportent des allonges, en général aux deux extrémités. Le tableau 8 indique les caractéristiques des 9 sagaies (4 Maxence et 5 Rozoy) utilisées ensuite. Les trois nouvelles sagaies R7 à R9 avaient, avant pose des pointes, des équilibrations négatives (- 28, - 34 et - 05) du fait de leurs empennages. Elles n'ont pas été utilisées ainsi, mais seulement après pose des pointes qui les rééquilibraient. On a indiqué les caractéristiques des sagaies R5 et R8 avant et après des modifications imposées par des accidents (on en a profité pour allonger R5), et qui n'ont pas changé grand-chose à l'équilibration. Les sagaies R ont toutes des équilibrations positives et constituent un ensemble assez homogène pour les longueurs, les poids et les équilibrations. Il subsiste toutefois de légers problèmes : R7, bien que tordue (par suite d'une erreur de montage de son allonge antérieure), vole très bien en ligne, mais a tendance à aller un peu loin et à passer au-dessus de la cible (et ceci, malgré sa pointe lourde). R9 par contre, avec la même équilibration et une pointe plus légère, vole un peu court et il faut lui donner plus de hausse qu'aux autres, probablement à cause de son poids plus élevé. R8 avait un empennage devenu léger et parfois volait, en fin de parcours, avec une angulation par rapport à sa trajectoire (fig. 4). Je l'ai ré-empennée. Mais dans l'ensemble c'est beaucoup plus homogène que les lots précédents, et les résultats sont en conséquence, comme le montrent les tableaux 9 et 10.
Les deux lots de sagaies, celles-ci une fois munies de pointes,
sont absolument équivalents. La minime différence
n'est absolument pas significative. Cela établit donc,
entre autres choses, que ni les allonges des sagaies R ni les
empennages plus courts n'ont d'influence sur les résultats
globaux. Il est toutefois intéressant de déduire
les séries de lancers faits sous la pluie (une série
à 10 m, une à 20 m et cinq à 30 m), Le tableau
en donne les résultats :
La différence par temps de pluie, établie essentiellement sur la distance de 30 m, est significative. Elle traduit la détérioration des empennages trop courts étudiée ci-dessus. Cela se fait sentir plus fortement pour les distances longues. Mais les résultats obtenus avec les sagaies «type CEDARC» ont nettement baissé aussi par la pluie : comparer au tableau 7, le même tireur avait obtenu 39,6 % avec les mêmes sagaies M munies des mêmes pointes, il tombe à 26 % sous la pluie. Par ailleurs, dans les intervalles de temps sec, les performances avec les sagaies M ne sont pas remontées au niveau antérieur (34 % au lieu de 39,6 %, soit presque 6 % de moins !). Cela tient à diverses circonstances qui ne sont pas toutes liées à la météorologie : une attaque bénigne) de grippe, le froid, la fatigue, et surtout une certaine routine qui entraîne une détérioration du geste de lancer : aux distances de 20 et 30 m, le geste n'est plus assez développé en arrière, on n'y met plus toute la force désirable, et les résultats s'en ressentent. Cela a eu plus d'impact sur le vol des sagaies M, parce que leur empennage plus important les ralentit plus, leurs échecs ont été surtout dûs à des tirs trop courts. C'est sans doute ce qui explique le faible avantage des lancers de sagaies R sur les lancers de sagaies M par temps sec (tableau 12 : 35,7 % contre 34 %, sur 1 000 lancers).
La supériorité des sagaies longues sur celles de 2 m ou 2,20 m n'étant plus à démontrer, on peut après 7 880 lancers résumer les principaux apports comme suit :
1. Passer la longueur des sagaies de 240 à 255 et 260 cm améliore encore les performances. Il faudra donc essayer des sagaies de 3 m.
2. Un lot homogène de sagaies est indispensable.
Elles doivent avoir des caractéristiques très voisines pour plusieurs caractères : longueur, poids, équilibration, pointe, empennage.
3. L'équilibration des hampes en avant du milieu est
un facteur important, bien qu'un empennage long et large réduise
les conséquences de sa carence.
4. La présence à l'avant d'une pointe lourde (au
moins 10 g et mieux 20 g) est essentielle. Ce facteur est distinct
de l'équilibration de la hampe qu'il renforce, les deux
sont nécessaires. Il faudra comparer les résultats
avec 10 et 20 g et essayer des pointes de 30 g et plus.
5. L'empennage doit avoir au moins 12 cm de long et 2,5 cm de large, soit 90 cm2, un empennage plus important (160 cm2) ajoute un avantage en corrigeant des équilibrations défectueuses, il est plus durable et reste efficace en cas de pluie.
6. La puissance musculaire du tireur est un élément important.
7. Le temps passé à la confection et à l'entretien du matériel est considérable. Les sagaies allongées cassent souvent dans le raccord et surtout par temps humide.
8. Un entraînement quotidien est indispensable pour conserver sa forme.
Une expérimentation comparative de plusieurs types de sagaies, comportant près de 8 000 jets par la même personne, a permis d'établir quelques facteurs du succès dans le lancer de sagaies par propulseur : sagaies longues (plus de 2,50 m), empennage long et large, lot de sagaies homogène, équilibration de la hampe en avant du milieu, présence d'une pointe assez lourde (20 g), puissance musculaire du tireur. Confection et entretien du matériel, et surtout entraînement quotidien, devaient occuper beaucoup du temps de nos ancêtres.
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