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Docteur Jean-Georges Rozoy


Résumé des abréviations utilisées dans les articles : consulter la liste.

1976

Dr J.G. ROZOY et Ch. SACCHI

LE GISEMENT MONTMORENCIEN ET TARDENOISIEN DE VERRIERES VI



GENERALITES

Le complexe de gisements découvert par E. Giraud et Ch. Sacchi dans le bois de Verrières-le-Buisson (Essonne) (Cauvin 1964, Daniel et coll. 1973, Bailloud, Daniel et Sacchi 1973) n'a pas livré seulement les sites micoquien, moustérien et 2 sites « campigniens » (l'un à tranchets, l'autre à haches) mais aussi plusieurs gisements secondaires à peu de distance. Parmi ceux-ci le locus VI, très abîmé par deux sablières et par divers travaux, fut néanmoins fouillé par Ch. Sacchi et son équipe puis étudié en collaboration par les présents auteurs (1).

Le site VI est situé à 100-150 m au Sud des sites I, II et III (respectivement paléolithique, à haches et à tranchets). Il était, lors de sa découverte, défiguré par deux sablières et par divers travaux ainsi que par les passages des promeneurs, des engins, etc. Seules subsistaient quelques buttes gazonnées protégées par des arbres (flg. 1). L'industrie y fut trouvée à la base d'une couche de sable limoneux de 20-25 cm (apport éolien) surmontant le cailloutis léger qui couronne les sables de Fontainebleau. La couverture d'humus au-dessus du sable gris ne dépassait pas 5 cm. Le site est à la rupture de pente et ne comporte pas le limon observé à Verrières I, II et III : les sables y donnaient donc l'occasion d'une clairière ce qui explique l'attrait pour les Tardenoisiens. Il ne semble pas qu'il y ait eu de grès à exploiter, et il n'en a pas été observé.

L'industrie lithique livrée par Verrières VI comporte des outils et déchets de deux matériaux, grès lustré et silex, avec de nombreuses variétés à l'intérieur de chaque catégorie, surtout pour le silex. Il y a en particulier des restes de galets provenant probablement de la couche située au sommet des sables de Fontainebleau qui pouvait affleurer à proximité, d'autres peuvent provenir de la vallée de la Bièvre ; il y a aussi du silex meulier prélevé probablement sur des blocs très voisins, vestiges de l'horizon chattien démantelé par l'érosion.

L'industrie en grès apparaît immédiatement comme montmorencienne avec 28 outils prismatiques sur 75 pièces façonnées. Il paraît donc raisonnable de la séparer de l'industrie de silex, sous réserve d'inventaire (celui-ci, on le verra, confirme ce point de vue) ; en effet le Montmorencien est toujours apparu comme autonome (voir plus loin à ce sujet). Il n'y a d'ailleurs pas ici d'armatures en grès, et très peu de lamelles en grès.

Reste à savoir si les pièces en silex trouvées dans ces difficiles conditions représentent une industrie et une culture unique, ou s'il y a mélange. L'inventaire que l'on trouvera en annexe montre un taux d'armatures de 19 % (40 pièces sur 205). Qualitativement il s'agit d'armatures du Tardenoisien ancien-moyen, et nous verrons que leur place la plus probable est au début du Tardenoisien moyen où les taux d'armatures sont tous autour de 60 et 65 %. En outre nous avons ici plus d'outils sur lames que sur lamelles (5ème et 6ème classes) et plus encore d'éclats retouchés (57 contre 36 sur lames et 32 sur lamelles), avec 12 forts grattoirs. On sait que tout cela est contradictoire au plus haut point avec le Tardenoisien moyen : même à Chaintréauville (secteur Espitalié) où existe une forte localisation d'outils du fonds commun on trouve plus d'outils de la 6ème classe : 64 contre 22 sur lames et 36 éclats retouchés (Rozoy 1975). Enfin il y a 11 outils néolithiques avérés : 6 éclats de haches polies en silex, 2 flèches tranchantes de type Sublaines et 3 retouchoirs. Les gros grattoirs en silex n'ont vraisemblablement pas été faits par les tailleurs de grès, auxquels on n'en connaît pas par ailleurs et qui font ici de petits grattoirs de grès plutôt atypiques alors que ce matériau se prêterait très bien à la confection de gros grattoirs si l'on en voulait. Il est donc clair que la série en silex est elle-même un mélange à deux composantes au moins, l'une Néolithique (du stade moyen probablement), l'autre du Tardenoisien.

TARDENOISIEN

Dans ces conditions seule peut être étudiée valablement la série des armatures, dont on sait qu'elles ont disparu avant le passage au polissage du silex (Rozoy 1975). Les outils sur lamelles de la 6ème classe (12 lamelles à retouches partielles régulières, 11 lamelles cassées dans encoche et 9 lamelles tronquées) appartiennent très vraisemblablement au Tardenoisien au moins dans leur grande majorité, mais sans que l'on puisse en être certain. Notons aussi que trois outils paléolithiques roulés ont été écartés du décompte.

Les 40 armatures (fig. 1) qui correspondent normalement à une série totale d'environ 65-75 outils, comprennent 7 pointes à troncature, 5 segments, 6 scalènes, 4 isocèles, 12 pointes à base transversale et 4 trapèzes atypiques. 34 pièces sont pygmées (moins de 20 mm), taux rarement atteint dans la région parisienne ; une pièce (fig. 1, n° 20) ne dépasse pas 11 mm.

Le style est beau, très régulier, les pointes à base transversale sont déjà bien typiques, avec 10 pointes du Tardenois sur 12 (dont 4 à base concave) (n° 25, 33 à 36). Parmi les segments, il y a 2 demi-lunes (segments larges) (nos 8 et 12). Les 4 trapèzes, tous atypiques, sont tout à fait comparables à ceux des autres sites du stade moyen ; trois sont des trapèzes à bases décalées, longs (fig. 1, nos 36 à 38).

Si l'on essaye de se faire une idée de la place dans l'évolution, seuls les indices concernant les armatures sont utilisables. Le rapport pointes à troncatures/scalènes + segments (7/11), comme le rapport isocèles/scalènes + segments (4/11) éliminent le stade ancien et seraient plutôt en faveur du début du stade moyen (entre Piscop-Daniel et Sablonnière I dans la pl. 108, Rozoy 1975) ; il est impossible d'en dire plus ; on sait (Rozoy 1975) que les pointes à base transversale ne sont pas un bon fossile pour cette datation, sauf à écarter le stade ancien (qualitativement).

MICROBURINS - LATERALISATIONS

On trouvera ci-après les tableaux de latéralisations et de microburins. Le taux de micro-burins est bas pour la région. L'encoche à droite y domine fortement, répondant à la latéralisation gauche marquée des armatures, qui ne saurait nous étonner.




La lamelle scalène a été présentée comme les triangles scalènes.

POINTE DE SONCHAMP

Il y a une pointe de Sonchamp (fig. 1, n° 40) qui, dans ce conteste, ne peut être qu'une adjonction postérieure, comme celles de Chaintréauville et du Lendemain (Rozoy 1975, pl. 108).

Il fut aussi trouvé de l'ocre et du charbon de bois (10 g) dont on ne peut savoir laquelle des 4 cultures (en comptant la pointe de Sonchamp) les a apportés.

La sablière toute voisine (Verrières VII) a livré deux éclats retouchés (un mince et un épais), un fragment de silex poli, 4 microburins proximaux (dont 3 à droite), un « zinken » sur lame très fortement émoussé sur le côté du perçoir (outil de potier ? retouchoir ?), 6 ou 8 éclats et lames avec traces visibles d'utilisation, un nucléus prismatique médiocre, une tablette d'avivage d'un grand nucléus meilleur, et deux « tranches de saucisson » brutes.

MONTMORENCIEN

Les 75 pièces en grès de Verrières VI sont étudiées séparément parce que, comme exposé déjà, l'industrie montmorencienne apparaît dans les milieux clos (fosses d'extraction, Giraud 1938, Daniel 1947, 1954 à 1958, Tarrête 1970, 1974) comme autonome, sans armatures ni pièces de silex, et que donc le tri selon les matériaux donne ici une assez bonne sécurité et permet d'isoler une industrie au sein du mélange. Toutes réserves doivent évidemment être formulées sur une étude entreprise dans ces conditions, faute de meilleur site à disposition pour les faciès autres que les ateliers.

Les conditions de gisement ont été exposées plus haut. Rappelons qu'il n'a pas été observé de fosses ni d'extraction de grès, toutefois il y en avait probablement à proximité plus ou moins immédiate.

L'absence d'extraction en ce point précis se déduit de l'absence de grès exploitables mais surtout (car ceux-ci auraient pu être exploités en totalité) de l'absence des milliers de déchets caractérisant le faciès d'extraction. Tous les éclats de grès (comme de silex) ayant été recueillis il est ici possible d'être affirmatif à ce sujet. Le poids total du grès est de 6 380 g, dont 2 750 g pour les 28 outils prismatiques, 560 g pour les 47 outils divers (dont 15 de moins de 3 cm), 70 g pour un nucléus et 3 000 g pour les objets bruts de débitage (1 533 éclats dont 254 de + de 3 cm, 332 de 2 à 3 cm et 497 de moins de 2 cm). Dans un atelier ce seraient 3 000 ou 5 000 grands éclats (ici 254). Le fait de la récolte intégrale par tamisage à 4 mm permettant un tri soigneux sous bon éclairage a évidemment pu jouer aussi pour l'importante proportion (en nombre) des outils non prismatiques. Toutefois le rapport entre le nombre d'éclats et celui des outils prismatiques n'est pas du tout celui des ateliers ; même si atelier il y avait à 20 ou 60 mètres de là, le point fouillé n'est pas un atelier et c'est ce qui fait son intérêt ; cet intérêt malheureusement n'a pas retenu la plupart des fouilleurs anciens, d'où le peu de renseignements sur les habitats, souligné par J. Tarrête (1974) qui cependant ne retient pas Verrières VI (cité p. 135).

Il est clair que les habitats et autres points d'activité des Montmorenciens, comme tous ceux des autres cultures, sauf les extractions de roches, étaient au-dessus du sol et que, faute d'apport de matériaux, leurs restes sont donc dans la terre arable. Il faut accepter de les y étudier, avec les risques de mélanges que cela implique ; on finira bien par en trouver de non mélangés, à condition de chercher en dehors des ateliers où les pics submergent les autres outils. Mais les fosses à détritus — notre provende habituelle — sont ici constituées par les ateliers et nous en sommes privés.

A Verrières VI les qualités de grès sont diverses, ce qui tend à confirmer qu'il ne s'agit pas d'un point d'extraction, mais probablement d'un faciès d'habitat, si rare, et malheureusement très défiguré par les carrières. Toutefois dans une culture à faciès divers tout ce qui n'est pas atelier d'extraction ne peut être considéré sûrement comme habitat : il peut y avoir d'autres ateliers pour d'autres activités.

Ce caractère est confirmé par la composition numérique de l'outillage : 28 fragments d'outils prismatiques seulement sur 75 objets travaillés en grès, dans un atelier d'extraction ce serait 28 sur 35. R. Daniel a fait, il est vrai, observer à l'auteur que les éclats retouchés n'étaient jadis pas considérés comme des outils ; ils sont donc sous-représentés dans les collections étudiées par J. Tarrête, et d'autant plus que les milliers (millions) d'éclats des ateliers ne prêtaient pas facilement à un examen soigneux à leur recherche ; ceci toutefois ne s'applique pas à certaines fouilles récentes, en particulier Gambaiseuil (Champagne 1970, Tarrête 1970, Tarrête 1974) où il y a 241 outils prismatiques sur un total de 271 pièces retouchées. Ici c'est 28 sur 75 ; on pourrait attendre d'un habitat moins d'outils prismatiques encore, mais il est vraisemblable que l'atelier n'était pas loin.

OUTILS PRISMATIQUES

Au point de vue de la technologie de fabrication on peut décompter les 28 outils prismatiques comme suit :

Il n'y a pas d'outil de Beaugency (se reporter à Rozoy 1975, chapitre 19 et à la figure 2 pour les définitions des outils de Montmorency et de Beaugency). Les deux pièces entières (dont une reconstituée) sont du type A2. Le type G2 réalise la transition la plus totale du type A2 au quartier d'orange. Ceci accuse fortement la parenté technologique avec l'Omalien belge où le quartier d'orange en silex est courant. D'autre part si la majorité des autres pièces provient d'abattage des deux bords (types A2, A4, A5) la création d'une arête opposée à la face plane (outil de Montmorency) tient une place importante, ce qui rejoint dans une certaine mesure la pratique de Beaugency qui paraît liée elle aussi à l'habitat (ou à toute autre activité) et non à l'extraction.

Le caractère domestique s'accuse si l'on examine les outils façonnés en bout d'outils prismatiques. En voici le décompte :

La proportion d'extrémités façonnées est de : un tiers, comme dans les ateliers (Tarrête 1974) mais la composition est différente, en effet les 6 extrémités travaillées comprennent :

tandis qu'à Gambaiseuil par exemple la pointe trièdre domine (28 sur 37). La pointe trièdre et l'un des grattoirs sont aux deux extrémités d'un outil entier (fig. 3, n° 2). Une seule autre pièce est entière, ou plus exactement recollée, le bout est à biseau simple. Une pièce n'a pas de face plane (fig. 4, n° 11).

OUTILS COMMUNS

Les grattoirs sont petits et plutôt atypiques (à retouches marginales), tout comme les troncatures, ce qui rejoint les caractères des grattoirs en grès faits sur éclats et non plus sur outils prismatiques : 5 pièces, toutes petites, dont 3 atypiques (fig. 4, n° 2-3) et des lames en grès : 2, dont 1 à retouches distales, l'autre est à retouches latérales. La petite taille des grattoirs s'oppose aux gros grattoirs de silex et montre que ceux-ci sont l'œuvre d'autres gens ; les Néolithiques, venus plus tard sur le même terrain, mais qui ne paraissent pas avoir taillé le grès en ce point (sinon il y aurait de gros grattoirs).

Il y a encore un perçoir sur lame, un bec burinant alterne, un fragment d'outil à taille bifaciale (hache, comme à Verrières II ? biface, comme à Verrières III ?) (fig. 4, n° 1) ; 2 lamelles à retouches partielles régulières, une lamelle à coche unique, une lamelle à troncature transverse et une lamelle à coches jumelles sont peut-être l'œuvre des Tardenoisiens ; c'est le seul élément de mélange possible. Le reste des 47 outils du fonds commun est constitué de 32 éclats retouchés et denticulés (fig. 4, nos 4 à 10) :

Cet outillage domestique est donc très banal et nous rapproche singulièrement de n'importe quelle occupation néolithique. Tout au plus peut-on noter le petit nombre et la médiocrité des grattoirs, déjà relevés par les auteurs (Tarrête 1974), contrastant avec les habitudes néolithiques régionales (50% de grattoirs à front souvent débordant). Ce point pourrait évoquer une ascendance ou influence de l'Epipaléolithique régional, où les grattoirs sont rares (caractère retrouvé plus au S.-O. dans le Beaugencien, qui comporte lui aussi des outils prismatiques, d'une autre facture. Rozoy 1975, chap. 19).

Le Montmorencien nous apparaît donc à Verrières VI, malgré les fortes réserves dues aux mutilations du site et aux mélanges, comme une industrie domestique banale proche de celles des Néolithiques, c'est le faciès déjà observé au Petit Clamart (Seignolles 1945). Les nombreux ateliers de grès ne sont que des faciès d'extraction où la grande abondance des outils prismatiques brisés (très probablement au choc, par résonance) laisse présumer qu'en définitive ceux-ci étaient bien des pics, occasionnellement retouchés en outils banaux. Le fait même de ces faciès spécialisés et d'entreprendre l'extraction de matériaux dénote face à la Nature une attitude toute autre que celle des chasseurs épipaléolithiques, une attitude de producteurs façonnant le monde ambiant, et non plus de prédateurs vivant en symbiose avec lui. C'est pourquoi le Montmorencien ne peut être classé à l'Epipaléolithique.

NEOLITHIQUE

La série néolithique de Verrières VI ne peut être étudiée valablement, car il n'est pas possible de la distinguer de l'Epipaléolithique auquel elle est mélangée. En outre la mise à l'écart de tous les outils en grès comme montmorenciens nous expose à avoir amputé éventuellement la série néolithique d'un petit nombre d'outils en grès s'il y en a eu, ce qui paraît douteux.

Ne sont attribuables à coup sûr au Néolithique que les 6 fragments de haches polies et les 2 flèches tranchantes ; celles-ci (fig. 5, n° 5-6) sont du type de Sublaines. L'une est taillée dans un silex veiné beige (de St-Ouen ?) peu utilisé sur le site, qui a servi aussi pour un grattoir sur lamelle et quelques autres outils, sur lames en particulier ; ceci atteste des relations à quelque distance. Il y a 9 outils de ce silex pour une trentaine d'éclats : on a apporté la plupart des outils tout faits et on en a retaillé un peu sur place.

Il y a encore trois retouchoirs en silex (fig. 5, n° 8) qui n'appartiennent certainement ni au Tardenoisien moyen ni au Montmorencien. Enfin les 12 grattoirs en silex, presque tous gros (fig. 5, nos 1 à 3), les 57 éclats retouchés, les 6 perçoirs, les 21 lames à retouches régulières, etc., proviennent certainement en majorité des Néolithiques, sans que l'on puisse faire la part de ce qui revient aux Tardenoisiens (très peu, statistiquement, comme exposé à leur sujet), aux fabricants de la pointe de Sonchamp, à ceux des flèches tranchantes, et à d'autres éventuellement. On peut seulement dire que ni les Montmorenciens de ce point, ni les Tardenoisiens du stade moyen dans toute la région ne paraissent faire de gros grattoirs, tandis que c'est l'habitude des Néolithiques. Au contraire des séries montmorenciennes et tardenoisiennes, les outils néolithiques ne nous apprennent pratiquement rien, tout au plus le type de flèches est-il évocateur (du stade moyen ?).

CONCLUSIONS

Verrières VI a donc livré sur quelques mètres carrés, en mélange à très peu de profondeur, au moins trois industries distinctes dont seules les pièces typiques peuvent être isolées avec quelque probabilité : armatures du stade moyen pour le Tardenoisien, flèches et fragments polis pour « le » Néolithique, outils en grès pour le Montmorencien. Quelles leçons pouvons-nous tirer de ces faits ? Peu pour chaque culture, mais certains éléments sont qualitativement importants. Le caractère presque totalement pygmée de la série tardenoisienne montre que le cas connu dans la vallée du Loing (Larchant-Justice) n'a pas de valeur seulement locale. La série montmorencienne donne une idée de ce que peut être cette industrie en dehors des ateliers d'extraction du grès. Mais surtout la leçon essentielle tient à la multiplicité des occupations sur une faible surface : il y a peu (10 ou 20 ans) l'on aurait décrit Verrières VI soit comme un Néolithique de tradition tardenoisienne, soit comme un Montmorenço-Tardenoisien, etc. Par référence aux sites purs (Tarrête 1974, Rozoy 1975) on peut voir maintenant qu'il s'agit d'un mélange. Si les abords n'étaient détruits il eût peut-être été possible de reconnaître à partir de ce point des zones non mélangées. C'est en tous cas un fort argument pour inviter nos collègues qui opèrent des ramassages de surface à carroyer très serré (mailles de 10 m ; ou, mieux, de 5 m) : ils trouveront alors, de part et d'autre de points de recouvrement comme celui-ci, des zones plus pures.

Le matériel de Verrières VI a été donné au Musée des Antiquités Nationales à St-Germain-en-Laye.

Bibliographie

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BASSE DE MENORVAL E. — Gallia, tome 9, fascicule 2, 1966, pp. 437-439, 3 figures.

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GIRAUD E., VACHE C. et VIGNARD E. (1938). — Le gisement mésolithique de Piscop. L'Anthr., XLVIII, n° 1-2, pp. 1-27.

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TARRETE J. (1974). — Le Montmorencien. Thèse 3e cycle, Université Paris-I, multigraphié.

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

Fig. 1. Plan de la fouille de sauvetage Verrières VI et armatures microlithiques (série intégrale).

Il y a un certain équilibre entre les classes d'armatures : pointes à troncature (nos 1 à 7, 6 et 7 sont courtes), segments (nos 8 à 12), triangles isocèles (nos 13 à 15 et 19), triangles scalènes (nos 16 à 18, 20 à 22). Les pointes à base transversale (nos 23 a 35) sont plus nombreuses. Il y a 4 trapèzes atypiques (nos 36 à 39) et une pointe de Sonchamp (n° 40). Noter les formes de transition entre scalènes et segments (nos 16, 18, 20).

Fig. 2. Typologie de certains outils prismatiques.

Voir aussi Tarrête 1970, 1974. L'outil de Beaugency est presque inconnu dans le Montmorencien.

Fig. 3. Outils prismatiques en grès de Verrières VI.

La pièce n°2 se termine en haut par une pointe trièdre, en bas par un grattoir. Le biseau simple terminal des trois autres outils est la règle générale.

Fig. 4. Outils en grès de Verrières VI.

1 : fragment d'outil biface ; 2-3 : grattoirs ; 4 à 10 : éclats retouchés ou denticulés ; 11 : outil prismatique sans face plane (cas exceptionnel).

Fig. 5. Outils en silex de Verrières VI.

1 à 4 : grattoirs (le n°4 est émoussé) ; 5, 6 : flèches tranchantes du type de Sublaines ; 7 : burin ; 8 : retouchoir (il est émoussé).

VERRIERES VI — SILEX — COLL. SACCHI



(1) La fouille fut effectuée par M.-C. et J. Cauvin, F. Chantret, M. et R. Daniel, M. Panchout, D. et Ch. Sacchi, M. et Mme Soulié.


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